Depuis quatre décennies, le Mercedes Marco Polo s’impose comme une figure emblématique du segment des vans aménagés. Pour célébrer son quarantième anniversaire, le constructeur à l’étoile offre à son vaisseau routier un restylage ambitieux, combinant raffinement technologique et confort de haut vol. Un repositionnement qui ne cache pas ses ambitions : devenir la référence incontestée du van haut de gamme, quitte à s’éloigner des standards tarifaires du marché.
Lancé initialement en 1984, le Marco Polo version 2024 repose désormais sur la dernière mouture du Mercedes Classe V. Il s’habille d’une proue au design plus affirmé, fidèle à l’identité visuelle de la marque, et inaugure une mise à niveau technologique centrée autour du système d’infodivertissement MBUX, entièrement adapté à la vie nomade. Une montée en gamme assumée qui vise clairement une clientèle fortunée, désireuse d’allier mobilité et art de vivre sans concession.
Luxe tarifaire assumé
Tandis que la majorité des concurrents s’évertuent à batailler sur le terrain des prix, Mercedes adopte une stratégie opposée. Le Marco Polo se positionne d’emblée dans les sphères tarifaires les plus élevées, avec une version d’entrée déjà facturée plus de CHF 79000. Même le nouveau Volkswagen California, pourtant son rival historique, semble distancé. Reste à savoir si cette surenchère financière trouve une justification dans l’expérience offerte à bord.
C’est ce que notre essai, mené durant une semaine principalement dans les Alpes Valaisannes s’est attaché à déterminer.
Performances routières dignes d’une berline
Malgré son gabarit et une masse dépassant les 2,6 tonnes à vide, le Marco Polo 300d étonne par sa vigueur. Sous le capot, le quatre-cylindres diesel 2.0 litres — déclinaison la plus puissante du Classe V — développe 237 chevaux et délivre un couple généreux de 500 Nm. Loin des nobles six-cylindres d’antan, mais diablement efficace.
Bien insonorisé, ce moteur sait se faire discret à vitesse de croisière, même si quelques sonorités rauques émergent à haut régime. Il en résulte une mécanique à la fois plaisante et réactive, capable d’atteindre 215 km/h sur autoroute allemande. Chez nous, il assure une allure paisible à 120 km/h, au régime modéré de 1 500 tr/min, avec une consommation moyenne de 7,5 l/100 km après 250 km de conduite. Un résultat honorable pour un engin de cette taille, d’autant que le toit relevable ne génère aucun bruit aérodynamique notable.
L’option de suspension pneumatique Airmatic, elle, transforme le comportement du van, qui semble alors glisser sur l’asphalte. Sur routes secondaires, son gabarit contenu (5,14 m de long) assure une certaine maniabilité, bien supérieure à celle d’un camping-car classique. En mode Sport, la suspension se raffermit et la réponse moteur devient plus nerveuse, mais le tempérament du Marco Polo reste celui d’un grand voyageur, pas d’un sprinteur. Mieux vaut alors privilégier le mode Confort et savourer sa douceur de roulement.

Habitacle : le voyage en première classe
À l’étape, les fonctionnalités pensées pour le bivouac prennent le relais. La suspension Airmatic offre un nivellement automatique du véhicule, facilitant l’installation sur terrain irrégulier. Fini les cales et autres gadgets de fortune. L’agencement intérieur demeure classique : bloc cuisine à gauche, couchages répartis entre le bas et le toit relevable, accessible manuellement ou électriquement selon les options.
Mais c’est par la qualité perçue que le Marco Polo se distingue. Sol façon pont de bateau, sellerie en cuir noir, éclairages LED réglables en couleur et intensité : l’ambiance évoque plus un salon haut de gamme qu’un véhicule de loisirs. L’aménagement signé Westfalia se veut robuste et valorisant, avec un mobilier bien ajusté et peu sujet aux craquements malgré les kilomètres. Côté équipements, on retrouve une kitchenette complète (réfrigérateur 40 l, plaque deux feux, évier), de nombreux rangements astucieux, ainsi qu’une table coulissante.

Le couchage supérieur, logé sous le toit relevable, offre une literie de qualité sur une surface un peu étroite (1,13 m), mais confortable grâce à un matelas épais. Les aérations sur trois côtés assurent une bonne ventilation. En bas, la banquette se transforme électriquement en lit d’appoint, aux dimensions comparables et au confort très correct, surtout avec le surmatelas. L’isolation thermique et phonique surpasse celle de la concurrence, rendant les nuits particulièrement paisibles.

Cependant, quelques lacunes apparaissent : l’absence de production d’eau chaude, pas de panneau solaire intégré, et des équipements essentiels comme la douchette ou la table de camping relégués en option — parfois à des tarifs étonnamment élevés. L’autonomie hors réseau s’en trouve réduite, limitant les escapades prolongées en pleine nature.
Poste de conduite et interface numérique : l’univers Mercedes
Le restylage profite également au poste de conduite, qui gagne deux écrans de 12,3 pouces accueillant le système MBUX. L’ergonomie et la finition évoquent davantage l’intérieur d’une berline premium que celui d’un utilitaire. Volant, aérateurs, inserts décoratifs : tout respire la qualité, même si certaines parties basses restent en plastique dur.
Le MBUX prend en charge l’ensemble des fonctions de vie à bord : ouverture du toit, gestion du chauffage, surveillance des niveaux d’eau et de batterie… On peut même en commander certaines via la voix ou à distance depuis l’application MBAC. Un raffinement technologique séduisant, mais peut-être déroutant pour les amateurs de simplicité.
Une addition salée pour un luxe nomade
Mais ce luxe a un prix. Comptez CHF 118 430 pour la version 300d avec quelques options – suspension Airmatic, hayon électrique, sellerie cuir, gentes AMG de 19 pouces et peinture métallisée de notre exemplaire d’essai
À ce tarif, difficile d’ignorer le gouffre avec la concurrence : un Volkswagen California Ocean plafonne à CHF 80 000, et les Trafic SpaceNomad ou Citroën Holidays se négocient pour moitié moins. Le Marco Polo est d’abord une Mercedes, et cela se ressent à chaque instant, du confort de conduite à la sophistication des équipements, mais aussi sur la facture.
Verdict : le van de la dolce vita
Le Mercedes Marco Polo ne s’adresse pas à tous. Son autonomie limitée, son prix stratosphérique et sa politique d’options pourraient en rebuter plus d’un. Il n’en demeure pas moins un van exceptionnel par son raffinement, son agrément de conduite et son univers technologique de pointe. Plus proche d’une suite mobile que d’un utilitaire aménagé, il séduira une clientèle privilégiée en quête d’élégance et de confort, bien plus qu’en quête de grands espaces sauvages. Un véhicule pour les esthètes de la vanlife, plus palace que pleine nature.
Le site de Mercedes pour découvrir les différentes déclinaisons du Marco Polo.



