Le géant chinois BYD revient à la charge avec le Seal U DM-i, un SUV hybride rechargeable qui promet jusqu’à 1080 km d’autonomie et un rapport prix/équipement difficile à ignorer. De quoi faire trembler les références du marché ?
Longtemps cantonné à son marché domestique, BYD – acronyme de « Build Your Dreams » – s’affirme aujourd’hui comme un acteur majeur de l’électromobilité mondiale. En 2023, le groupe fondé à Shenzhen est même parvenu à détrôner Tesla en volume de ventes mondiales de véhicules électriques. Un exploit qui ne doit rien au hasard. Portée par une stratégie industrielle intégrée allant des batteries aux semi-conducteurs et une politique de prix offensive, la marque déploie à présent son offensive sur le Vieux Continent en passant par la Suisse. Et pas seulement avec des modèles 100 % électriques.

La preuve avec ce Seal U DM-i, version hybride rechargeable de son SUV familial, qui complète une gamme déjà riche et vise directement les ténors européens du segment. Nous avons pu en prendre le volant pendant une quinzaine de jours, voici notre avis.
Hybride rechargeable selon BYD : l’électrique en priorité, l’essence en soutien
À l’image de nombreux constructeurs asiatiques, BYD a fait le choix d’un système hybride rechargeable à dominante électrique, où le moteur thermique joue principalement un rôle de générateur. Baptisée DM-i (Dual Motor – Intelligent), cette chaîne de traction repose sur un principe simple mais efficace : faire rouler le véhicule autant que possible grâce à ses moteurs électriques, en réservant le bloc thermique à la production d’énergie. Cette stratégie, qui inverse le schéma classique des hybrides occidentales, maximise les phases de roulage zéro émission – une donnée de plus en plus scrutée dans le cadre des futures réglementations européennes.

Sous le capot, on retrouve un moteur essence quatre cylindres de 1,5 litre (avec ou sans turbo), couplé à un ou deux moteurs électriques selon les versions. Trois déclinaisons sont au programme : Boost, Comfort et Design. Les deux premières s’appuient sur une motorisation simple de 160 kW (218 ch), quand la version Design de test ajoute un second moteur électrique à l’arrière, transformant le SUV en transmission intégrale avec une puissance cumulée de 238 kW (324 ch) et un couple de 550 Nm.

Les performances, sans être explosives, sont largement suffisantes pour un usage familial : le 0 à 100 km/h est abattu en 8,9 s pour les versions traction, et en 5,9 secondes pour la version intégrale de notre test, qui se montre plus dynamique sans pour autant verser dans la sportivité pure.
Une autonomie généreuse et une recharge perfectible
Côté batteries, BYD propose deux capacités distinctes. Les variantes Boost et Design s’équipent d’un pack de 18,3 kWh, offrant respectivement 80 et 70 km d’autonomie en mode électrique selon la norme WLTP. Une donnée suffisante pour couvrir la majorité des trajets quotidiens sans émission. La version Comfort, attendue ultérieurement, proposera une batterie plus conséquente de 26,6 kWh, pour un rayon d’action électrique porté à 125 km – un record dans la catégorie.

La recharge, quant à elle, s’effectue jusqu’à 11 kW en courant alternatif (AC) et 18 kW en courant continu (DC). Des puissances modestes au regard des standards actuels. Il faut ainsi compter environ 35 minutes pour passer de 30 à 80 % avec la petite batterie, et près d’une heure pour la plus grosse. Une limite technique notable face à des concurrents capables de dépasser les 50 kW, voire 100 kW, en charge rapide.
En revanche, l’autonomie combinée (thermique + électrique) impressionne : de 870 km (Design) à 1 080 km (Comfort) selon les versions. Lors de notre essai, nous avons relevé une consommation moyenne de 18,6 kWh/100 km en mode électrique et 6,2 l/100 km en thermique – des chiffres réalistes obtenus sur un parcours mixte hors autoroute réalisé en grande partie sur les routes valaisannes.

À bord : qualité perçue, équipement pléthorique et confort globalement au rendez-vous
Dès l’ouverture des portières, le Seal U DM-i séduit par son présentoir technologique et sa qualité de finition. Les matériaux sont soignés, l’assemblage rigoureux et l’ambiance moderne, presque futuriste, sans sombrer dans l’ostentatoire. L’écran central, pivotant, concentre la plupart des fonctions, de la navigation à la climatisation, en passant par la gestion énergétique. L’ensemble est fluide, mais demande un temps d’adaptation. Heureusement, BYD permet la création de raccourcis personnalisés pour une utilisation plus intuitive. Le SUV dispose également d’un affichage tête haute, ainsi qu’une connexion à Android Auto et Car Play sans failles.
L’habitabilité figure parmi les points forts du modèle. À l’avant comme à l’arrière, l’espace à bord est généreux, même pour les passagers de grand gabarit. Seule ombre au tableau : le siège passager avant, au dossier légèrement redressé, non réglable en hauteur, impose une position perfectible.
Le coffre, de 425 à 1 440 litres selon la configuration, déçoit légèrement. Ce volume, en retrait par rapport à la concurrence, s’explique par l’implantation du pack batterie sous le plancher. Une concession d’autant plus regrettable que le gabarit du véhicule laissait espérer mieux.
Comportement routier : équilibré, serein, mais sans aspérités
Sur la route, le Seal U DM-i fait montre d’un comportement routier rassurant et prévisible. La version Design, dotée de deux moteurs, se distingue par une bonne motricité sur sol humide et une capacité à absorber les irrégularités sans s’affaisser en courbe. Le confort est bien calibré, l’amortissement filtrant efficacement sans sacrifier la tenue de route. À bord, l’insonorisation est particulièrement soignée, aussi bien en électrique qu’en thermique.

Deux niveaux de récupération d’énergie au freinage sont disponibles, mais l’absence de mode « one pedal » pourra surprendre les habitués de la conduite 100 % électrique. Trois modes de conduite sont proposés : Eco, Comfort et Sport. Le premier brime quelque peu la réactivité de l’accélérateur, tandis que le dernier apporte un surcroît d’entrain, sans toutefois transformer ce SUV familial en GTI.
Le conducteur peut également sélectionner le mode de fonctionnement hybride (HEV) ou tout électrique (EV), ou laisser le système gérer automatiquement l’ensemble selon le profil de route et le niveau de charge.
Un rival sérieux sur un segment ultra-concurrentiel
Avec ce Seal U DM-i, BYD confirme son ambition de concurrencer les poids lourds du marché européen – Peugeot 3008 Hybrid, Ford Kuga PHEV, Toyota RAV4 PHEV ou encore les modèles coréens de Kia et Hyundai. Il ne manque pas d’arguments : confort global de haut niveau, dotation technologique généreuse, efficience remarquable et tarification agressive. Reste à combler un déficit d’image de marque en Europe et à renforcer un réseau de distribution encore en phase de structuration.
En attendant, BYD poursuit sa progression. Et avec ce SUV hybride rechargeable bien né, il pourrait bien séduire une clientèle en quête d’alternatives aux marques établies, mais soucieuse de leur budget et de leur empreinte carbone. Prix à partir de CHF 42990.- Site web BYD