Face aux limites de ses propres technologies, le géant de Cupertino pourrait intégrer des modèles d’intelligence artificielle tiers dans son assistant vocal, amorçant ainsi un tournant historique dans sa politique d’innovation.
Un souffle inédit parcourt la stratégie technologique d’Apple. Selon des révélations publiées par l’agence Bloomberg, la firme californienne envisagerait sérieusement de faire appel à des modèles d’intelligence artificielle développés par des acteurs externes de renom – OpenAI, à l’origine de ChatGPT, ou encore la société Anthropic – afin de revitaliser Siri, son assistant vocal emblématique mais en perte de vitesse. Ce projet marquerait une rupture significative avec l’approche traditionnelle d’Apple, jusqu’ici jalouse de son autonomie technologique.
Vers une remise en question du développement en vase clos
C’est lors de la conférence annuelle WWDC 2024 que la marque à la pomme a esquissé les contours d’une nouvelle génération de Siri, annoncée comme plus performante, intuitive et personnalisable. Cependant, le calendrier initialement fixé a été successivement repoussé : d’abord prévu pour le printemps 2025, le lancement est désormais reporté à l’horizon 2026. Une manière pour Apple de prendre le temps de revoir sa copie, tout en réévaluant ses options en matière de partenariats technologiques.
Jusqu’à récemment, l’entreprise californienne s’appuyait principalement sur ses propres infrastructures d’intelligence artificielle, en particulier les Apple Foundation Models, cœur technologique de nombreuses fonctionnalités introduites dans ses systèmes d’exploitation. Néanmoins, l’implication croissante d’acteurs externes vient bouleverser ce modèle. Apple aurait ainsi approché OpenAI et Anthropic pour leur demander d’adapter leurs technologies afin qu’elles puissent fonctionner de manière sécurisée sur son infrastructure « Private Cloud Compute », hébergée sur ses propres puces propriétaires.
Un rapprochement stratégique dans un secteur en pleine effervescence
Ce virage vers une collaboration externe, encore impensable il y a quelques années, n’est pas sans rappeler l’évolution adoptée par d’autres géants du secteur. Samsung, par exemple, a déjà choisi de s’appuyer sur le modèle Gemini de Google pour sa suite Galaxy AI. Apple, fidèle à son habitude de privilégier l’intégration verticale, pourrait néanmoins revenir à une solution 100 % interne une fois ses outils suffisamment éprouvés, comme elle l’avait fait en 2012 en remplaçant Google Maps par Apple Plans.
Réorganisations internes et ambitions renouvelées
Ce changement d’orientation stratégique s’accompagne d’une profonde réorganisation au sein des équipes dédiées à l’intelligence artificielle. Le passage progressif de la direction de l’IA de John Giannandrea, figure historique du machine learning chez Apple, à Craig Federighi, en charge des systèmes logiciels, témoigne d’un repositionnement en cours. Par ailleurs, le département Siri est désormais placé sous la houlette de Mike Rockwell, connu pour son rôle clé dans le développement du casque de réalité mixte Vision Pro. Ces évolutions internes suggèrent une volonté de redéfinir en profondeur la place de Siri dans l’écosystème Apple.
Des avancées à court terme, en attendant le grand saut
En dépit de cette restructuration stratégique et des ambitions affichées, les utilisateurs devront faire preuve de patience. Le nouveau Siri ne verra pas le jour avant 2026. Toutefois, quelques améliorations plus modestes sont attendues dès l’automne avec la sortie des systèmes d’exploitation iOS 26, iPadOS 26 et macOS 26. Parmi elles figurent des fonctionnalités basées sur l’IA compatibles uniquement avec les appareils récents, ainsi qu’une ouverture progressive des foundation models aux développeurs tiers.
Reste à savoir si cette stratégie permettra à Apple de combler son retard perçu dans la course à l’intelligence artificielle vocale, ou si elle ne fera que souligner les difficultés rencontrées par la firme dans ce domaine en constante mutation.