Grokipedia : la contre-encyclopédie de Musk dévoile une ligne éditoriale déjà controversée

Promue par Elon Musk comme l’antidote aux biais de Wikipedia, Grokipedia démarre dans la confusion et exhibe déjà des angles éditoriaux tranchés. Derrière la promesse d’un savoir “dépolitisé”, ses premières pages laissent surtout transparaître une vision sélective de l’information.

L’encyclopédie alternative imaginée par Elon Musk, baptisée Grokipedia, a connu des débuts pour le moins erratiques lundi après-midi, ponctués d’interruptions successives avant de gagner en stabilité dans la soirée. Arborant une esthétique proche de celle de Wikipedia en mode sombre, cette plateforme entend s’ériger en concurrent crédible, bien que son volume éditorial reste pour l’heure modeste : environ 900 000 entrées, contre près de 8 millions pour la version anglophone de son illustre aînée. Annoncée le mois dernier comme une « amélioration massive » de Wikipedia, l’initiative puise ses racines dans le podcast All-In, au cours duquel l’investisseur David Sacks avait incité Musk à concevoir une alternative jugée moins « partisane ». L’examen des premiers articles laisse entrevoir des divergences notables de traitement éditorial, notamment sur les thématiques politiquement sensibles.

Un corpus inaugural qui interroge

Malgré un périmètre thématique déjà conséquent, Grokipedia présente d’étonnants angles morts. Aucun article n’est pour l’instant dédié au Department of Government Efficiency (DOGE), entité au cœur des récentes déclarations et ambitions politiques d’Elon Musk. Cette absence, parmi d’autres, laisse apparaître une sélectivité éditoriale marquée, certain sujets étant privilégiés quand d’autres, pourtant centraux dans le débat public, demeurent ignorés.

Autre différence symbolique : Grokipedia a opté pour un nom de domaine en .com, là où Wikipedia conserve son .org, choix traditionnel des organismes à but non lucratif. La plateforme de Musk se distingue également par une quasi-absence d’illustrations, ses pages offrant un rendu visuel austère, loin des standards graphiques auxquels les encyclopédies modernes ont habitué leurs lecteurs.

Nick Fuentes, un cas d’école en matière de divergence éditoriale

La page consacrée à Nick Fuentes illustre de manière frappante les contrastes entre les deux encyclopédies. Sur Wikipedia, le commentateur est décrit comme figurant à l’extrême droite, et ses positions sont qualifiées de « racistes, suprémacistes blanches, misogynes, homophobes, antisémites et islamophobes », l’article allant jusqu’à le présenter comme « néo-nazi et négateur de l’Holocauste ».

Grokipedia adopte une tonalité résolument différente, présentant Fuentes comme un « commentateur politique, vidéaste en direct et militant » défendant des positions orientées autour de la souveraineté nationale. Ses prises de position en faveur de la limitation de l’immigration et de la préservation de la “majorité historique euro-américaine” sont mentionnées, mais sans les qualificatifs moraux et politiques employés par Wikipedia.

Le « Grand Remplacement » : de la « théorie du complot » à une « théorie » analysée

Autre exemple de divergence majeure : le traitement de la théorie dite du Grand Remplacement. Wikipedia la décrit comme une « théorie du complot d’extrême droite nationaliste blanche, discréditée », rappelant que le consensus académique la réfute comme reposant sur une interprétation erronée des statistiques démographiques.

Grokipedia, au contraire, présente le concept comme une « théorie » faisant l’objet d’analyses démographiques, citant des projections de l’ONU et des indicateurs de natalité européens. L’article adopte une approche se voulant analytique, laissant apparaître une neutralité affichée, sans condamner explicitement le postulat qui sous-tend cette théorie.

Greta Thunberg : héroïne climatique ou figure controversée ?

Les divergences se retrouvent également dans le portrait consacré à Greta Thunberg. Sur Wikipedia, la militante est présentée comme l’instigatrice du mouvement Fridays for Future, saluée pour son influence mondiale et les distinctions prestigieuses qui lui ont été décernées.

Grokipedia reconnaît son rôle moteur, mais y adjoint des nuances critiques, en précisant que ses « alertes climatiques existentielles et urgentes ont suscité des interrogations pour avoir divergé des évaluations empiriques nuancées des risques climatiques ». La formulation, plus distanciée, suggère une remise en perspective de son activisme.

Une ligne éditoriale assumée et revendiquée

Au regard de ces exemples, se dessine une philosophie éditoriale assumée, où les personnalités, idées ou mouvements traditionnellement soutenus par Elon Musk bénéficient d’un traitement plus favorable, tandis que ceux qui s’inscrivent en faux face à sa vision du monde font l’objet d’une approche plus critique. Plusieurs articles reconnaissent d’ailleurs être adaptés de Wikipedia sous licence Creative Commons ShareAlike 4.0, attestant d’une relative transparence sur l’origine de certains contenus.

Sollicitée pour réagir, xAI – l’entreprise technologique de Musk à l’origine de Grok et Grokipedia – a livré une réponse laconique : « Legacy Media Lies », illustrant une posture de défiance revendiquée envers les médias traditionnels et leur traitement de l’information.

A propos rivera

Rédacteur en chef et journaliste RP, ma passion pour les jeux vidéo et la technologie ne faiblit pas depuis mon adolescence, qui me semble pourtant bien lointaine. Un recul cependant intéressant, puisqu'il me permet de jauger les nouveautés avec un regard plein d'expérience, couplé à une envie d'écrire de tous les jours.

Voir aussi...

Warhammer 40,000: Boltgun 2 dévoile un nouveau personnage jouable

Warhammer 40,000: Boltgun 2, la suite très attendue du FPS rétro sorti en 2023 explosent tous …

Police Simulator: Patrol Officers dévoile l’extension Contraband

Contraband apporte une extension majeure de la carte dans l’État de Franklin, où les agents …

Nouvelles fins, nouveaux monstres : l’horreur de Look Outside n’a plus de limites avec la mise à jour gratuite Final Vision

Look Outside, le RPG horrifique de survie acclamé par la critique du développeur Francis Coulombe …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *