Peut-on réinventer le format vidéo à l’heure des contenus générés par machine ? C’est le pari de Meta avec Vibes, une application qui entend concurrencer TikTok en confiant la création des clips non pas aux utilisateurs eux-mêmes, mais aux algorithmes de l’intelligence artificielle. Une audace qui fascine autant qu’elle interroge.
Dans le tumulte actuel qui entoure l’intelligence artificielle générative, un nouvel acteur tente de se frayer un chemin sur une scène dominée par des colosses tels qu’OpenAI, Google ou Anthropic. La maison-mère de Facebook, encore en quête de positionnement clair dans cette compétition technologique, multiplie les initiatives. Après avoir attiré à elle plusieurs figures de poids issues de ses concurrents – dont Alexandr Wang, ancien patron de la start-up Scale – Meta dévoile aujourd’hui une proposition pour le moins inattendue : une plateforme vidéo baptisée Vibes.
Une alternative singulière aux réseaux vidéo traditionnels
L’application entend se distinguer des géants du divertissement numérique comme TikTok ou Vine. Particularité notable : chaque séquence diffusée y est conçue de bout en bout par des algorithmes d’intelligence artificielle. Via un nouvel onglet intégré à Meta AI, les usagers pourront générer leurs propres contenus, explorer ceux de la communauté, mais aussi « remixer » des créations existantes, reprenant ainsi les codes collaboratifs et participatifs du web social.
L’expérience se veut également personnalisée à l’extrême. Le fil d’actualité s’ajuste progressivement aux préférences de chacun, tandis que les vidéos peuvent être enrichies par des ajouts musicaux, des retouches visuelles ou encore des variations stylistiques, offrant ainsi une palette de possibilités quasi infinie pour l’utilisateur.
Des partenaires prestigieux mais controversés
Pour ce lancement, Meta a choisi de s’associer à deux noms bien connus de l’écosystème : Midjourney, célèbre pour ses générateurs d’images sophistiqués, et Black Forest Labs. Mais cette alliance n’est pas exempte de zones d’ombre. Midjourney, malgré son expertise technique incontestable, est accusé de longue date de porter atteinte aux droits d’auteur. Des acteurs majeurs de l’industrie culturelle, tels que Disney ou Universal, ont même saisi la justice, dénonçant une utilisation non autorisée de leurs œuvres. Ces plaintes, récentes encore, rappellent combien la frontière entre innovation et appropriation indue demeure ténue dans ce secteur en effervescence.
Un pari audacieux au destin incertain
Meta mise ainsi sur l’effet de surprise et la fascination que peut susciter la combinaison entre créativité collective et puissance algorithmique. Mais l’accueil du public reste une inconnue, d’autant que les usages autour des contenus générés par IA n’ont pas encore trouvé de modèle stable. La démarche relève-t-elle d’une véritable révolution numérique ou s’agit-il d’une tentative supplémentaire, condamnée à se diluer dans l’océan des innovations éphémères ? Seul le temps dira si Vibes parviendra à s’imposer comme une nouvelle référence… ou sombrera dans l’oubli des expérimentations inabouties.