Né pour la route et forgé par des décennies de liberté, le Volkswagen California revient dans une version profondément transformée. Moins rustique, plus raffiné, il troque son âme d’utilitaire contre un confort de SUV, sans renoncer à la promesse du voyage sans contrainte. Une métamorphose qui redéfinit l’art du van aménagé, que nous avons pu découvrir lors d’un long périple de plus de 3000 kilomètres, en parcourant l’Italie du nord au sud et d’ouest en est.
Volkswagen California : l’évolution d’un mythe vers un art de vivre automobile
Longtemps fidèle à son ADN utilitaire, le Volkswagen California tourne aujourd’hui une page majeure de son histoire. Le célèbre van allemand, véritable icône du voyage en liberté, s’affranchit de ses origines de fourgon aménagé pour se hisser vers une catégorie plus raffinée, presque bourgeoise, sans renier l’esprit d’aventure qui a bâti sa légende. Plus qu’une simple mise à jour, cette nouvelle génération, apparue en 2024, consacre une métamorphose profonde, la plus significative depuis la révolution du T5 en 2005, date charnière marquant la fin de la collaboration historique avec Westfalia au profit d’un aménagement réalisé désormais en interne.

Une rupture avec l’utilitaire, un ancrage dans le Multivan
Volkswagen a définitivement abandonné la base du Transporter pour concevoir ce nouveau California. Le van est désormais bâti sur l’architecture du Multivan, lui-même émancipé du monde utilitaire depuis 2021. Il n’existe donc plus aucun lien de parenté entre ce California nouvelle génération et le Transporter, ce dernier étant désormais issu d’une coopération avec Ford et partageant sa structure avec le Transit Custom. D’ailleurs, le constructeur américain propose sa propre version aménagée en partenariat avec Westfalia, signe que les passerelles techniques subsistent, même si les philosophies divergent.
En tant que conversion officielle, le California continue d’être distribué et entretenu par Volkswagen Véhicules Utilitaires, gage de sérieux et de cohérence dans l’après-vente. La gamme débuteavec la version Beach Camper animée par le moteur 2.0 TDI associé à la boîte DSG à sept rapports. Cette déclinaison d’entrée de gamme offre un aménagement simplifié comprenant une petite cuisine arrière et cinq places assises. Une variante hybride rechargeable Beach Style de 245 ch, reprend le même aménagement intérieur.

Pour bénéficier d’un aménagement complet, avec une cuisine centrale et quatre sièges, il faut se tourner vers les versions Coast ou Ocean, fleuron de la gamme que nous avons testé, proposée à CHF 81070.- dans notre cas. Toutes ces déclinaisons sont homologuées en tant que véhicules de loisirs.
Des proportions en hausse, mais une silhouette familière
Le nouveau California conserve une hauteur contenue de 1,99 mètre, lui permettant de franchir les portiques de parking et de rester classé parmi les véhicules légers aux péages italiens lors de notre périple, tout de même bien plus salés que notre vignette nationale. En revanche, la longueur progresse sensiblement, passant de 4,90 à 5,17 mètres, un gabarit plus imposant qui accentue la prestance du véhicule sans trahir son esprit compact. Pour avoir dû effectuer quelques crénaux plutôt difficiles, tout s’est bien déroulé.
Visuellement, les évolutions sont discrètes. Hormis quelques badges et autocollants distinctifs, le California reste très proche du Multivan dont il reprend la silhouette sobre et élégante. Pour ceux qui souhaitent se distinguer des utilitaires anonymes, Volkswagen propose des teintes bicolores évoquant les versions mythiques des décennies passées une coquetterie bienvenue face à la teinte gris métallisée plus conventionnelle du modèle d’essai.

Une seconde porte coulissante, symbole de modernité
Les versions Coast et Ocean inaugurent une innovation aussi pratique que symbolique : une seconde porte latérale coulissante du côté passager. Cette configuration, inédite pour le California, offre une flexibilité nouvelle et facilite l’accès à bord, notamment lorsque le véhicule est stationné en bord de route ou dans un espace restreint. Contrairement à certains concurrents comme le Citroën Holidays, il est ici possible de pénétrer directement dans l’habitacle par cette seconde ouverture. Nous l’avons tout spécialement appréciées alors que nous roulions avec la configuration lit déployée, pour y ranger sacs et autres courses lors de nos arrêts.
L’aération du van s’en trouve améliorée, et la lumière circule davantage. Le réfrigérateur adopte désormais un format tiroir, accessible aussi bien depuis l’intérieur que depuis l’extérieur. Sa contenance diminue légèrement, passant de 42 à 37 litres, mais demeure suffisante pour une escapade à deux ou en famille. Une table pliante peut s’installer à gauche du véhicule ou venir prolonger le meuble cuisine pour offrir un plan de travail supplémentaire.

La kitchenette, exclusivement accessible de l’intérieur, comprend un évier et une plaque de cuisson au gaz à un seul feu, un recul par rapport à l’ancien modèle qui en proposait deux, ce qui peut dépanner pour se faire un café le matin, mais ne satisfera pas les cuisiniers en herbe qui auront vite besoin d’un second feu. Les rangements, eux aussi, se montrent moins généreux, bien que l’ensemble conserve une cohérence ergonomique remarquable. Les sièges avant pivotants transforment aisément la cellule en un petit salon convivial. Par beau temps, la table peut être disposée dehors.

Toujours ingénieux, le hayon abrite deux chaises de camping tandis qu’une table prend désormais place dans le coffre plutôt que dans la porte latérale. Des rails extérieurs permettent de fixer un auvent ou un voile d’ombrage de chaque côté du véhicule. Attention toutefois : les chaises intégrées alourdissent le hayon, le rendant plus difficile à manipuler.
Un intérieur repensé pour le confort et la modularité
Exit la banquette arrière : le nouveau California opte pour deux sièges individuels coulissants, extractibles et inclinables, offrant un meilleur maintien et un confort supérieur. Les passagers profitent même d’une climatisation trizone dans la version Ocean. En contrepartie, le vaste coffre sous la banquette disparaît, remplacé par deux tiroirs plus modestes.
On retrouve néanmoins de multiples espaces de rangement, notamment une capucine au-dessus de la cabine, bien que celle-ci gêne légèrement la visibilité arrière. Le coffre conserve un espace sous la rallonge du lit inférieur, tandis qu’une douchette extérieure vient compléter l’équipement, alimentée par un réservoir d’eau propre de 29 litres et un réservoir d’eaux usées de 21 litres.
Deux prises 230 V et plusieurs ports USB-C sont répartis dans l’habitacle. L’autonomie électrique est bonne en autonomie, permettant de profiter du frigo pendant au moins deux jours avant une recharge, soit en roulant, soit en se branchant au camping.
Le confort de nuit : entre ingéniosité et compromis
L’installation des couchages demeure exemplairement simple. Les sièges arrière se rabattent pour accueillir un surmatelas confortable, mais ce premier lit s’avère plus étroit qu’auparavant (1,06 m contre 1,14 m), et légèrement plus court (1,88 m contre 2,00 m). Il conviendra plutôt à une personne seule. Le lit supérieur, accessible sous le toit relevable électrohydraulique, mesure 2,06 m par 1,14 m dimensions en légère évolution, mais toujours modestes.

Le toit relevable, manuel de série et motorisé en option, permet une ouverture frontale intégrale et une excellente ventilation grâce à ses trois moustiquaires. Le sommier à coupelles garantit un bon confort nocturne et pour ceux qui cherchent le meilleur couchage, il vaudra la peine de faire un peu de gymnastique pour se hisser sur celui du dessus, en prenant appui sur les accoudoirs des sièges avant. Les rideaux occultants et stores magnétiques assurent une obscurité totale, et un double tapotement sur une lampe permet d’éteindre tout l’éclairage intérieur une attention bienvenue. Un chauffage auxiliaire permet le maintient d’une température agréable en toutes saisons, tandis qu’un système de désembuage permet de reprendre la route rapidement après une bonne nuit de sommeil.

Technologie embarquée et ergonomie numérique
L’aménagement intérieur se distingue par son intégration harmonieuse et sa qualité de finition, dignes d’un constructeur généraliste haut de gamme. Toutes les fonctions du véhicule sont centralisées via un écran tactile de 5 pouces à l’arrière, permettant de consulter les niveaux d’eau, de contrôler la température du réfrigérateur, de régler le chauffage stationnaire, ou encore de surveiller la charge de la batterie.
Volkswagen innove également avec l’application California App, compatible Android et iOS, qui permet de piloter ces fonctions à distance, de consulter un manuel interactif et de rechercher des aires de camping communautaires à la manière de Park4Night, bien que ce dernier s’avère toutefois un incontournable que n’égale pas la solution de VW.
La planche de bord intègre un écran central de 10 pouces au graphisme moderne et compatible Android Auto et Apple CarPlay sans fil. Dans notre cas, Android Auto couplé à l’application très utile Park4Night nous a permis de trouver des points d’arrêt même en basse saison, un must. L’instrumentation numérique s’affiche sur une dalle de 10,25 pouces, claire et complète, complétée en option par un affichage tête haute. Le tout s’accompagne d’un chargeur à induction et d’une présentation sobre mais élégante, dominée par des plastiques clairs. Seul bémol : une ergonomie « tout tactile » qui aurait gagné à conserver quelques commandes physiques pour le volume ou la climatisation.
Au volant : confort et sobriété en progrès
Installé derrière le volant, on découvre une position de conduite plus basse, évoquant davantage celle d’un SUV que celle d’un utilitaire. La visibilité avant est excellente grâce au pare-brise plongeant et aux montants affinés. Les sièges à double accoudoir, chauffants sur la version Ocean, offrent un maintien exemplaire.
Plus long de 27 cm et plus large de 4 cm que son devancier, le nouveau California reste maniable, avec un diamètre de braquage de 12,1 mètres seulement. Le 2.0 TDI de 150 ch s’avère parfaitement adapté, épaulé par la boîte DSG7, rapide et fluide, qui contredit agréablement l’apparente faible puissance sur le papier. L’insonorisation, relègue les bruits mécaniques et aérodynamiques à l’arrière-plan, tandis que le bruits parasites du mobilier intérieurs sont pour ainsi dire inexistants.
Malgré un poids de 2,4 tonnes, le confort de suspension reste satisfaisant, sans mouvements excessifs de caisse. Certes, les amateurs de conduite dynamique devront modérer leurs ambitions, mais le California privilégie la sérénité, pas la sportivité.

Avec une consommation moyenne de 6.5 l/100 km relevée lors de l’essai global sur 3295 km parcourus en Italie, le van allemand se montre plus sobre que jamais. Son réservoir de 70 litres autorise près de 875 km d’autonomie, un atout pour les longs périples.
Seule ombre au tableau : l’absence d’une motorisation diesel plus puissante ou d’une transmission intégrale. La seule version 4×4 disponible reste l’hybride rechargeable, certes performante mais moins adaptée aux longs voyages hors réseau.
Aides à la conduite et sécurité : la modernité au service du confort
Fidèle à la rigueur technologique du constructeur, le nouveau California dispose d’un arsenal complet d’aides à la conduite : régulateur de vitesse adaptatif, feux matriciels, Park Assist, et en option, un système de conduite semi-autonome de niveau 2 (Travel Assist).
Verdict : un art du compromis entre luxe et fonctionnalité
Avec cette nouvelle génération, le Volkswagen California franchit un cap. Plus moderne, plus confortable et mieux équipé que jamais, il se rapproche de l’univers automobile haut de gamme. Toutefois, cette montée en sophistication s’accompagne de quelques concessions : lits plus étroits, rangements réduits, réservoirs moins généreux. Des sacrifices qui trahissent peut-être un léger éloignement de l’esprit pratique cher aux puristes de la van life.
Reste que le California demeure la référence des vans aménagés, un modèle d’équilibre entre innovation technologique, qualité d’intégration et sens du détail. Plus qu’un véhicule, c’est une philosophie du voyage, un cocon mobile qui fait de chaque halte un instant de confort raffiné et qui prouve qu’après plusieurs décennies, le mythe du California continue d’évoluer sans jamais trahir son âme.





































