Avis – Sony RX1R III : le retour d’un mythe miniature du plein format

Dans un marché qui fait la cour à la polyvalence, le RX1R III choisit la voie étroite : 61 MP sur plein format, 35 mm f/2 Zeiss indéboulonnable, autofocus IA affûté. Un objet d’esthète, pensé pour la justesse du cadrage et la densité des fichiers, mais qui laisse de côté la stabilisation et l’écran orientable.

Un compact d’exception à l’ère de l’intelligence artificielle

Neuf ans après avoir tiré sa révérence, le plus petit appareil photo plein format du monde revient sur le devant de la scène. Le Sony RX1R III entend réaffirmer sa suprématie dans un segment devenu rarissime : celui des compacts à grand capteur, capables de conjuguer portabilité, performance et exigence optique.

Avec son capteur rétro-éclairé de 61 mégapixels, son objectif fixe Zeiss Sonnar T* 35 mm f/2, et son autofocus dopé à l’intelligence artificielle, Sony revendique ni plus ni moins qu’une refondation du concept même de compact expert. Mais face à des références aussi redoutables que le Leica Q3 et le Fujifilm X100VI, la question demeure : ce bijou de miniaturisation tient-il ses promesses ?

Une quête d’absolu photographique

Le marché des compacts plein format demeure une enclave à part, où la quête d’excellence prime sur tout compromis. Depuis le premier RX1 en 2012, Sony y règne en pionnier, réussissant à loger une technologie de reflex dans un boîtier de poche. Le RX1R II de 2015 avait déjà marqué les esprits avec son capteur de 42,4 mégapixels et son ingénieux filtre passe-bas variable.

Après presque une décennie de silence, le RX1R III s’avance tel un héritier perfectionné, armé d’un capteur BIONZ XR et d’un autofocus hybride nourri à l’intelligence artificielle. Il promet des performances de haut vol, tout en conservant le célèbre 35 mm f/2 signé Zeiss, optique indissociable de l’identité de la gamme.

Au programme : plus de résolution, un autofocus plus intelligent et une batterie plus endurante, mais toujours aucune stabilisation d’image ni écran orientable — des absences qui font grincer les dents à ce niveau tarifaire.

Un design d’une sobriété exemplaire

Le RX1R III reste fidèle à la philosophie minimaliste de la lignée RX1. Son boîtier, compact et discret, se destine aux photographes de rue et aux esthètes du reportage léger.
Ses mensurations – environ 113 x 68 x 88 mm pour 498 g – en font un compagnon de voyage d’une étonnante densité. Seul l’objectif, légèrement proéminent, rappelle que la performance optique impose toujours quelques concessions à la compacité.

Fabriqué en alliage de magnésium, le boîtier affiche une solidité exemplaire mais ne bénéficie d’aucune tropicalisation officielle. L’objectif Zeiss Sonnar T* occupe le devant de la scène avec ses trois bagues mécaniques : mise au point manuelle, bascule macro, et ouverture crantée — un triptyque ergonomique d’une précision horlogère, bien que parfois peu pratique à f/2.

Sur le plan des commandes, Sony privilégie la pureté fonctionnelle : une molette de modes, un correcteur d’exposition, un déclencheur cerclé de l’interrupteur principal, et une touche personnalisable C1. À l’arrière, l’écran LCD tactile de 3 pouces (2,36 Mpts) reste malheureusement fixe, limitant la créativité dans les angles extrêmes.

L’ergonomie générale progresse légèrement depuis la génération précédente, mais le choix d’un écran non inclinable, justifié par la recherche de compacité, demeure une frustration récurrente pour les photographes de terrain.

Une interface dense mais complète

L’univers logiciel de Sony reste fidèle à sa réputation : d’une richesse impressionnante, mais d’une complexité redoutable. Les menus hérités de la gamme Alpha s’articulent en onglets denses (exposition, autofocus, connectivité, vidéo, etc.), et requièrent une certaine acculturation.
Les habitués s’y retrouveront aisément, les néophytes un peu moins.

Heureusement, la multiplicité des commandes physiques compense cette densité : la bague d’ouverture, les molettes et les nombreux boutons configurables (jusqu’à huit, dont C2 à C4) permettent une prise en main intuitive pour qui aime personnaliser son outil de travail.

Un viseur convaincant, un écran en retrait

Le viseur OLED XGA de 2,36 millions de points offre une image contrastée et fluide, avec un grossissement de 0,7x. Suffisant pour une utilisation confortable, mais un cran en dessous du viseur 5,76 Mpts du Leica Q3 ou du 3,69 Mpts QXGA du X100VI.

L’écran arrière, bien que tactile et précis, souffre d’un défaut majeur : sa fixité. Une contrainte d’autant plus regrettable que les concurrents proposent des dalles inclinables (Leica) ou pivotantes (Fujifilm). En reportage ou pour des plans au ras du sol, le photographe devra composer à l’aveugle.

L’optique Zeiss : un classique indémodable

Si la formule optique Zeiss Sonnar T* 35 mm f/2 remonte à 2012, elle n’a rien perdu de son excellence. Sa construction en 8 éléments répartis en 7 groupes – dont trois lentilles asphériques – assure un piqué redoutable dès la pleine ouverture, et un rendu optimal à f/4. Le traitement T* continue de faire merveille contre le flare et les reflets parasites.

Le 35 mm reste une focale universelle, aussi à l’aise dans la rue qu’en paysage ou en portrait serré. Certes, la netteté périphérique se relâche légèrement à f/2, mais l’ensemble délivre une signature optique d’une cohérence exemplaire. Le déclenchement feutré de l’obturateur central (leaf shutter) participe à cette élégance discrète, idéale pour les ambiances intimistes.

Un capteur de 61 mégapixels aux performances redoutables

Le capteur plein format rétro-éclairé de 61 MP, couplé au processeur BIONZ XR, offre une plage dynamique étendue et des fichiers RAW d’une richesse exceptionnelle. Les ombres se récupèrent aisément, les hautes lumières résistent bien à la surexposition, et la montée en ISO demeure maîtrisée jusqu’à 12 800 ISO.

Les JPEG bénéficient d’un traitement interne efficace, tandis que les fichiers RAW laissent plus de marge en post-production, notamment pour corriger les dérives colorimétriques en basse lumière.

En rafale, le RX1R III atteint 6 i/s en obturateur mécanique et jusqu’à 20 i/s en électronique, des valeurs honorables sans rivaliser avec les hybrides sportifs. La synchronisation rapide (jusqu’à 1/2000 s à f/2) permet néanmoins un usage fluide en lumière naturelle, quitte à recourir à un filtre ND sous forte luminosité.

Autofocus intelligent : la force tranquille

Le RX1R III intègre un autofocus hybride de 693 points à détection de phase couvrant 78 % du capteur. Une puce d’intelligence artificielle dédiée renforce la reconnaissance des sujets : visages, yeux humains, animaux, oiseaux, insectes, ou encore véhicules et avions.

La détection oculaire est rapide, fiable et continue, même à -4 EV. En revanche, le moteur à pas de l’objectif Zeiss, inchangé depuis plus d’une décennie, limite légèrement la réactivité sur les sujets en mouvement rapide. L’ensemble demeure précis, mais pas fulgurant.

Qualité d’image : un rendu d’orfèvre

Le RX1R III excelle dans la restitution des textures et des tons. Les fichiers RAW de 61 MP autorisent des recadrages généreux sans perte de détail. Les douze profils Creative Look offrent une palette variée — des rendus monochromes subtils aux styles colorés vifs —, disponibles également en post-traitement via Lightroom.

La balance des blancs automatique, un peu chaude, confère une tonalité agréable aux scènes de rue, et l’absence de stabilisation impose simplement de tenir fermement l’appareil en basse lumière.

Des capacités vidéo convaincantes, mais limitées

Le RX1R III filme en 4K UHD (30/25/24p, 10 bits 4:2:2) avec un encodage All-I jusqu’à 300 Mbit/s, et un sous-échantillonnage intelligent du capteur complet. Le rendu est détaillé, mais l’absence de 4K/60p – vraisemblablement pour des raisons thermiques – bridera les vidéastes exigeants.

Un mode Full HD à 120 i/s permet de beaux ralentis, et le support des profils S-Log et LUTs assure une souplesse colorimétrique bienvenue. Toutefois, l’écran fixe rend le vlogging complexe, à moins d’utiliser un moniteur externe via la sortie HDMI.

Autonomie et connectivité modernisées

La nouvelle batterie NP-FW50 assure environ 300 vues selon la norme CIPA, contre 220 pour le modèle précédent une progression notable. En vidéo, l’endurance chute à environ 40 minutes d’enregistrement en 4K. La recharge USB-C 3.2 Gen 1 (Power Delivery) permet une charge complète en deux heures environ.

Côté connectique, on retrouve un port micro-HDMI, une prise micro 3,5 mm, et un logement SD UHS-II sous le boîtier.

Un positionnement ambitieux, presque élitiste

Affiché à CHF 4 199, le RX1R III revendique son appartenance au cercle restreint des compacts plein format haut de gamme. Face au Leica Q3, facturé deux mille francs de plus mais doté d’une stabilisation optique et de la vidéo 8K, le Sony mise sur sa portabilité extrême et son rendu d’image d’orfèvre.

Certes, l’absence d’écran inclinable et de 4K/60p en restreint l’usage, mais ce RX1R III n’a jamais prétendu à la polyvalence : il incarne avant tout l’art du minimalisme absolu, une machine à photographier pure, exigeante et raffinée.

Verdict : le luxe de la simplicité maîtrisée

Avec le RX1R III, Sony ressuscite un mythe et lui insuffle la puissance de l’intelligence artificielle.
Ce compact plein format demeure une pièce d’ingénierie remarquable, pensée pour les puristes qui privilégient la qualité d’image brute, la discrétion et la réactivité à la polyvalence.

Moins spectaculaire que le Leica Q3, moins joueur que le X100VI, il n’en reste pas moins le symbole d’une photographie épurée, où chaque déclenchement redevient un acte réfléchi.
Un chef-d’œuvre de sobriété technologique, aussi fascinant qu’intransigeant.

A propos rivera

Rédacteur en chef et journaliste RP, ma passion pour les jeux vidéo et la technologie ne faiblit pas depuis mon adolescence, qui me semble pourtant bien lointaine. Un recul cependant intéressant, puisqu'il me permet de jauger les nouveautés avec un regard plein d'expérience, couplé à une envie d'écrire de tous les jours.

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