L’heure du verdict a sonné. Avec le Galaxy Z Fold 7, Samsung signe l’un de ses exercices de style les plus aboutis : jamais un pliable du constructeur n’avait affiché une telle sveltesse. Reste à déterminer si, au-delà de cette prouesse de design, l’expérience globale est à l’avenant.
Design, ergonomie : un pliable qui cesse d’être une “brique”
Objet de convoitise, le Z Fold 7 impose visuellement son raffinement… et cela sert le quotidien. L’argument massue se lit dans les chiffres : 4,2 mm d’épaisseur une fois déployé (143,2 × 158,4 × 4,2 mm). Sans l’irruption du Honor Magic V5, il se serait arrogé le titre de pliable le plus fin au monde. En main, la sensation est élégante, presque délicate, renforcée par un poids contenu pour ce format : 215 g. L’appareil demeure plus lourd qu’un smartphone compact ; mais ouvert, il dégage une impression de légèreté appréciable, moins pesant qu’un Galaxy S25 Ultra ou un iPhone 16 Pro Max : si ces mastodontes ne vous rebutent pas, ce pliant ne vous gênera pas davantage.
La vraie rupture se manifeste plié : le Fold 7 tourne la page de la brique épaisse qui pénalisait encore ses aînés. On tient désormais un grand smartphone “classique”, sans disgrâce. Le nouveau ratio 21:9 de l’écran externe élargit l’interface et facilite la frappe sur le clavier. En résumé, on s’approche plus que jamais de la promesse fondatrice du pliable : un téléphone utilisable normalement, capable de se métamorphoser en tablette, sans compromis quand il est fermé.
Le dessin convainc d’autant plus que Samsung soigne les finitions mates, les angles maîtrisés et des tranches droites non agressives. Le bloc photo demeure proéminent et induit de menus déséquilibres posé à plat, mais l’amincissement global en atténue l’ennui.
Durabilité : un bémol sur la résistance aux micro-rayures
Malgré le Gorilla Glass Victus 2 au dos (et Gorilla Glass Ceramic 2 pour l’écran externe), des micro-marques sont apparues très vite sur notre unité de test. À l’inverse, la charnière inspire toujours confiance : résistance bien dosée, pas d’angoisse à la manipulation. Ouvert, l’écran ne se déploie pas parfaitement à plat, un infime écart, déjà observé ailleurs, qui ne gêne pas l’usage. La pliure centrale reste visible, mais nettement atténuée et quasi imperceptible sous le doigt. On note enfin l’abandon de la caméra sous dalle au profit d’un poinçon, choix dicté par la chasse aux millimètres. Le lecteur d’empreintes latéral, lui, se montre très véloce.

Écrans : lumineux, rapides, mais perfectibles en fidélité
Le Fold 7 embarque deux dalles OLED 1–120 Hz :
- Externe : 6,9″ Full HD+ (2520 × 1080) ;
- Interne : 8″ (2184 × 1968).
Globalement, l’affichage est excellent. En luminance, nos mesures à la sonde (CalMan) révèlent des pics élevés ; nous n’avons pas reproduit les 2600 nits promis, vraisemblablement faute de conditions exactes (auto-luminosité activée, capteur ambiant stimulé). Le bridage thermique peut réduire ponctuellement le pic, mais la lisibilité reste irréprochable. Dommage que la couche anti-reflet des Galaxy S Ultra ne soit pas reconduite sur l’écran externe.
Côté colorimétrie, le mode Vif d’usine déraille (dominante bleue, teintes surexpressives), tandis que le mode Naturel corrige la fidélité mais paraît terne et moins couvrant. Le meilleur compromis a été obtenu en mode Vif avec réglage avancé, en abaissant le canal bleu d’environ cinq crans :
- Delta E SDR (DCI-P3) écran interne : 5,04 (objectif < 3) ; Naturel : 4,83 ; Vif par défaut : 5,19.
- Température moyenne très proche de la cible 6500 K (~6558 K), quand Naturel tire trop chaud et Vif d’origine trop froid.
- HDR : Delta E ~6,6 (correct sans être exemplaire).
- Couverture : 131 % sRGB, 88 % DCI-P3.
L’écran externe affiche des valeurs similaires (Delta E ~4,95 en SDR, ~6,4 en HDR, ~6540 K). Conclusion : luminosité de pointe et étendue des couleurs convaincantes ; fidélité juste moyenne sans retouche, meilleure après calage manuel.
Logiciel : One UI 8 (Android 16), continuité assumée
Le Z Fold 7 inaugure One UI 8 (Android 16), au même titre que les Flip 7 et Flip 7 FE, dès la sortie de boîte. Pas de révolution d’interface : on parle d’optimisations orientées stabilité, notamment au bénéfice des fonctions Galaxy AI. Pour Samsung, les gros chantiers semblent surtout coulisser côté développeurs, avec l’espoir d’un cycle de mise à jour plus fluide qu’entre One UI 6 et 7.
Les gestes adaptés au format Fold restent précieux : retour-image sur l’écran externe pour cadrer un sujet, retouches IA plus efficaces côte à côte sur la grande dalle, multitâche affichant jusqu’à trois apps, et barre des tâches pour passer au vol d’une application à l’autre (le geste d’apparition réclame un coup de main). Revers de la quête de finesse : fin de la compatibilité avec le S Pen Fold Edition, faute de place pour l’électronique dédiée.
Côté pérennité, Samsung demeure exemplaire : 7 ans de mises à jour Android et 7 ans de correctifs de sécurité.
Photo et vidéo : très haut niveau, mais pas “Ultra”
Au dos, un trio de capteurs :
- Grand-angle 200 Mpx (f/1,7), OIS, capteur 1/1,13″ 44 % plus lumineux ;
- Ultra grand-angle 12 Mpx (f/2,2) avec autofocus (macro) ;
- Téléobjectif x3 10 Mpx (f/2,4), OIS, zoom numérique x30.
L’arrivée d’un 200 Mpx sur le pliable rapproche le Fold 7 de la signature S25 Ultra, sans l’égaler totalement. Les clichés principaux séduisent par dynamique et contraste, avec des couleurs tenues et peu d’aberrations ; c’est la finesse qui pourrait être plus acérée, surtout au regard du tarif. En basse lumière, le mode nuit débouche avec mesure, préservant l’atmosphère. L’ultra grand-angle accentue la perte de détail, classique sur ce type d’optique, mais reste exploitable. Le x3 optique livre une belle qualité, quoique parfois un cran en-deçà en netteté, notamment sur scènes sombres. Le portrait convainc : bokeh naturel, détourage propre, rendu flatteur en extérieur ; en intérieur, l’accroche sur le visage peut se montrer moins aisée. Les selfies (10 Mpx sur les deux faces) sont détaillés. En vidéo : jusqu’en 8K 30 i/s ou 4K 60 i/s.
Puissance et thermique : un Elite qui tient la cadence
Propulsé par le Snapdragon 8 Elite, le Fold 7 évolue au niveau attendu d’un haut de gamme 2025. Les benchmarks traduisent un bond net vs les Fold 2024, tout en restant légèrement sous certains monoblocs à puce identique; rien d’anormal. En pratique, Genshin Impact (réglages au maximum) ne lui pose aucun problème de stabilité. La chaleur se concentre près du module photo : sensible mais jamais inquiétant.
Autonomie et recharge : endurant, pas pressé au chargeur
Avec 4400 mAh (sans silicium-carbone, jugé non mûr par Samsung), l’endurance se révèle solide à condition de mixer les deux écrans — l’externe étant moins énergivore. Sur le terrain, le Fold 7 a tenu sans angoisse la journée et au-delà, avec économiseur et usages ciblés (photo, GPS). Il n’est pas un champion d’autonomie, mais suffisamment fiable pour finir tard.
La recharge, en revanche, reste le talon d’Achille : 25 W filaire seulement, soit ~1 h 15 de quasi 0 à 100 %. À ce niveau de gamme, un 45 W paraît indispensable.
Réseau, audio, géolocalisation : rien à sacrifier
En 4G/5G, comme en GPS, le Fold 7 s’est montré impeccable. Les appels sont clairs des deux côtés, bruits ambiants correctement contenus, compression discrète. Quelques pics sonores traversent parfois, mais atténués.
Prix, configurations et disponibilité
Le Samsung Galaxy Z Fold 7 débute à CHF 1899.- (256 Go). Couleurs : bleu nuit (notre unité), noir absolu, gris ; un vert d’eau est exclusif au site Samsung.
Verdict
Le Galaxy Z Fold 7 matérialise la maturation du pliable façon Samsung : design souverain, compacité inédite, meilleure ergonomie plié, écrans très lumineux, logiciel abouti et promesses de suivi hors normes. Les bémols sont lisibles : colorimétrie à affiner, compatibilité S Pen abandonnée, micro-rayures trop rapides sans coque, et recharge anachronique à 25 W. Pour le reste, l’appareil tient rang en photo, performance et autonomie, sans détrôner la référence Ultra. Un pliable de référence… vendu au prix fort, mais enfin cohérent au quotidien quand il est fermé, là où se joue, précisément, la crédibilité de ce format.