Après deux recueils de poésie et un essai littéraire, Quentin Mouron revient au roman avec « La dernière chambre du Grand Hôtel Abîme » paru aux éditions Favre. Un pseudo polar qui nous emmène à Venise et nous plonge dans l’univers impitoyable des influenceurs. Dans le prologue aux accents poétiques, on découvre Sixtine, jeune influenceuse aux centaines de milliers de followers morte au bord de la piscine d’un luxueux hôtel vénitien. Elle a été jetée dans le vide.
Le récit remonte ensuite le temps, dans les jours qui ont précédé le crime afin de reconstituer ce qui s’est passé. Le lecteur y fait la connaissance de l’entourage de la jeune femme. Il y a Sam, étudiant, influenceur et ex de Sixtine. Il est convié à Venise à l’occasion de la convention européenne des influenceurs. Il y a également Hugo, journaliste porté sur la dive bouteille qui part à Venise couvrir l’événement. Il est accompagné dans ce voyage par Lola, sa nouvelle conquête. Les personnages sont attachants malgré leur côté déglingué. Tous auraient eu de bonnes raisons de tuer Sixtine. Tout en maintenant le cap sur la recherche du coupable, le roman évoque les destins croisés des différents personnages ainsi que les réseaux sociaux qui ont pris une place essentielle dans nos vies. Le style de l’auteur suisse est audacieux avec ses tournures poétiques, sa quasi absence de ponctuation et ses phrases à rallonge. Une plongée glaçante dans un monde fait de faux semblants et de superficialité.