Comme toutes les autres séries marquée du sceau de Tom Clancy et grâce auxquelles l’ami Tom regarde son compte en banque grappiller des milliers de dollars toutes les semaines sans bouger le petit doigt, Ghost Recon est devenu depuis longtemps déjà un jeu d’action comportant une petite composante tactique et un soupçon d’infiltration. Afin de s’éloigner encore un peu plus de cet horrible aspect réaliste qui nécessitait, il y a dix ans de cela dans Ghost Recon premier du nom, de bien réfléchir à comment on allait résoudre le problème que l’on nous donnait avec les outils à disposition, la série fait donc un bond dans le future histoire de bien rendre étanche le sarcophage dans lequel elle a enterré son parti pris réaliste et prêcher à nouveau en direction de ce fameux « public plus élargi » qui est visiblement friand d’expériences interactives qui se ressemblent toutes. Emotions et querelles de fans mis à part, ce Future Soldier est-il digne de votre interet ?
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Bons baisers de Russie
Vous êtes-vous déjà demandé ce que les scénaristes d’intrigues militaires feraient si la Russie n’existait pas ? Vraisemblablement seraient-ils en train de réfléchir à des intrigues originales où l’épicentre des problèmes ne seraient pas toujours situé au même endroit, même si cet endroit est le plus grand pays du monde de par sa taille ce qui permet de varier les plaisirs entre la Sibérie, Moscou et les Républiques séparatistes du Caucase qui sont apparemment le plus grand repère à méchants de la planète. Il faudrait quand même aller expliquer une bonne fois pour toute aux scénaristes qu’ils pourraient peut-être passer à autre chose et que, sur les 194 pays inscrits aux nations unies si l’on compte le Vatican (tiens, en voilà un ennemi intéressant…), choisir toujours le même comme source de tous les dangers qui planent sur le monde va peut-être finir par être perçu comme de l’acharnement. Bref, l’histoire de Future Soldier est au niveau des autres titres estampillés Tom Clancy, à savoir bordélique, particulièrement mal narrée, américano-centrée jusqu’à l’écœurement et prenant la Russie pour un pays où règne l’anarchie et le vide politique. Mais cela n’est pas grave, car celui qui achète un jeu de la licence Tom Clancy pour son histoire est soit un fan hardcore monomaniaque de l’armée américaine et des « valeurs » qu’elle se targue de représenter à travers le monde, soit aime plus que tout se moquer de la Russie et se la représenter comme un pays du tiers monde à peine plus stable qu’un régime démocratique d’Afrique de l’Est, les ogives nucléaires en plus.
L’histoire, si on peut l’appeler comme cela, vous mènera donc comme à l’habitude dans les jeux Tom Clancy, faire des missions d’infiltration dans différents pays qui ne sont par-dessus tout PAS l’Amérique du Nord, l’Union Européenne ou le Japon…qui sont bizarrement aussi les publics qui sont visés par le marché traditionnel du jeu vidéo. Mais après quelques visites touristiques, cap sur la Russie histoire d’aller sauver ce qui peut l’être de cette démocratie branlante et dont les bases militaires ressemblent plus à des self-services d’ogives nucléaires pour des groupement séparatistes du Caucase ou des nostalgiques de la guerre froide. Un groupe du nom de Raven’s Rock (bizarrement, ce groupe terroriste russe nationaliste s’est dit qu’il valait mieux se donner un nom anglophone histoire de bien faire passer ses idées) a donc organisé un coup d’état avec l’aide de différentes personnes d’influence et ont enlevé le président. Mais grâce à vous, cette Russie si instable va pouvoir retrouver sa gloire d’antan et sa stabilité qu’elle n’a visiblement jamais eue.
Mis à part ce scénario sans surprise et ou on ne comprend rien, il faut quand même mentionner que dans l’univers de Tom Clancy, même les jeux se passant dans le futur voient les conditions de vie des pays du tiers monde rester les mêmes qu’à l’heure actuelle. Il faut donc contempler longuement les gadgets technologiques à notre disposition afin de se convaincre que tout ceci se passe bien dans le futur, car pour ce qui est du reste, et bien le tiers-monde n’est toujours pas sortis de l’auberge. On aurait pu penser que les scénaristes allaient un peu se creuser la nénette étant donné que le jeu se passe dans un futur proche en essayant de trouver de nouveaux rapports de force, voire de nouvelles puissances émergentes (la Corée du Nord ou le Vatican par exemple…), mais il n’en est rien. Sans imagination et tirant sur les mêmes ficelles que toujours, Future Soldier s’inscrit donc scénaristiquement parlant dans la lignée de ses cousins de licence : nul, incompréhensible et inintéressant. Il faut donc aller voir ailleurs pour trouver des qualités à ce Future Soldier.
Où es-tu donc passée, douce solitude ?
Il y a de cela quelques années, lorsqu’on achetait un jeu vidéo d’action dans un magasin, on était sûr de pouvoir jouir de la meilleure expérience qu’il avait à proposer tout seul comme un grand devant sa télévision. Cette époque est révolue, depuis quelques années déjà, mais il est toujours bien de se le remémorer juste comme ça en passant. Future Soldier est en réalité l’exemple type de ce que sont devenus les jeux d’action de nos jours, à savoir des expériences multijoueurs qui nécessitent d’avoir 3 amis possédant le jeu et étant d’accord de tous y jouer en même temps. Et s’ils ne sont pas là ou que vous n’avez pas d’amis, il vous reste toujours le mode multijoueur, ou le recrutage de bots pour vous prêter main forte. Le jeu est donc optimisé pour 4 joueurs, et si vous souhaitez y jouer tout seul, car vous êtes nostalgiques de cette époque où les jeux vidéo n’étaient pas des hubs sociaux à nerds mais juste des expériences à vivre principalement seul devant sa télévision, ou alors car vous n’avez pas vu sur la boite que le jeu était pensé pour la coopération à 4 joueurs (oh, attendez, ce n’est pas marqué sur la boite) vous aurez donc droit à 3 bots qui vous accompagneront dans pratiquement toutes les missions de la campagne solo qui peut être complétée en environ une douzaine d’heures.
Sans être des prix Nobels, on a déjà vu pire niveau intelligence artificielle de bots dans un jeu d’action (quelqu’un a-t-il joué en solo à Resident Evil 5 ?). Ils vous seront donc presque utiles, du moins dans le mode vétéran (ce qui dans ce jeu signifie le mode de difficulté normal). Mais en observant la chose de plus près, on se rend compte que les développeurs ont un peu triché concernant la programmation de l’IA. Vos amis bots ne peuvent en effet pas être repérés (ce qui leur permet de rester devant les ennemis sans être vus et ainsi de se mettre dans des positions plus qu’avantageuses) et viendront toujours vous relever lorsque vous êtes à terre. Car lorsque vous contemplez de près les beautés qu’offrent le sol après avoir reçu 4 tirs ennemis en pleine poire, il vous suffit la plupart du temps d’attendre quelque peu que votre ami bot vienne à votre rescousse. Et contrairement à des séries comme Socom ou même Mass Effect, les ordres que l’on peut leur donner restent très limités. Il est ainsi possible de leur donner une cible à descendre en priorité, de préparer le fameux quadruple tir synchronisé dont les trailers de présentation se sont tant gargarisés et qui contribuent grandement à faire du jeu une promenade de santé tant ils déséquilibrent le rapport de force, ou encore de leur ordonner d’aller soigner un autre bot lors des très rares fois où ils se font descendre. On a donc presque l’impression qu’ils font plus de la figuration qu’autre chose, mais au moins ils ne dérangent pas, ce qui n’est finalement pas si mal.
Les niveaux sont clairement séparés en deux phases distinctes, à savoir des passages d’infiltration et des batailles rangées une fois que vous vous êtes fait repérés. L’infiltration, tout d’abord, est d’une facilité déconcertante et ne nécessite presque aucun talent particulier ni aucune vraie stratégie. Il est vrai qu’infiltrer un bâtiment, ou une base militaire, perd quelque peu de son challenge dès le moment où il est possible de se rendre invisible par une simple pression du bouton B, et de voir à travers les murs grâce aux différentes lunettes de vison thermique ou autres proposées dans chaque mission. Alors que l’infiltration devrait normalement être synonyme de challenge, dans Future Soldier, elle est plutôt synonyme de promenade de santé étant donné qu’il faut réellement rester plusieurs secondes durant devant un ennemi pour se faire repérer. Après quelques missions, on se rend compte que les phases d’infiltration ne nécessitent même pas de tuer les gardes, et qu’il suffit de longer les murs afin d’arriver à bon port. Les ennemis sont donc plus à considérer comme des jouets que l’on peut, ou non, zigouiller à sa guise. Quant aux phases d’action, elles sont extrêmement classiques, puisqu’elles consistent en des batailles rangées avec du cover-shooting, comme dans n’importe quel TPS que l’on trouve sur le marché. Ce que l’on en retient surtout de positif, c’est que la précision des tirs et des impacts est particulièrement réussie et se révèle être d’une précision chirurgicale, un bon point.
Gogo gadget au chien
Dans le futur, les pays du tiers-monde ne sont toujours pas sortis de leur misère. Mais les Etats-Unis quant à eux, ont sérieusement évolué niveau technologie. Ainsi, Futur Soldier met à disposition tout un tas de gadgets plus ou moins utiles, surtout en phase d’infiltration. Ainsi, vous pouvez à tout moment faire appel à un drone volant doté d’une caméra permettant de localiser les ennemis et ainsi mieux évaluer la situation pour mieux…longer les murs sans problème. Pratiquement indétectable par les ennemis dès le moment ou vous faites voler le drone suffisamment haut, il participe à cette impression de surpuissance qui se dégage de votre personnage tout au long de la campagne. Vous pouvez même l’utiliser au sol afin d’infiltrer des conduits d’aération ou des pièces remplies d’ennemis. Ceux-ci n’étant pas particulièrement attentifs, certaines scènes vous propose même de faire rouler le drone au milieu d’une pièce grouillant de méchants terroristes sans qu’ils ne s’aperçoivent de quoi que ce soit. Un peu bizarre, surtout que leur IA est plutôt bonne lors des séances de batailles rangées. Parmi les autres gadgets on trouve également une sonde qui permet de repérer les ennemis dans un périmètre défini, des grenades de toute sorte et j’en passe. Mais tout cela parait quand même bien inutile la plupart du temps puisqu’il suffit de longer les murs pour passer les missions d’infiltration. Ils sont donc plus comme des jouets vous permettant de jouer avec vos proies et participant à cette impression d’être un chat jouant avec une souris qu’il finira par dévorer. Une mission vous confie même un chien robot lanceur de missiles et qui vise les cibles adverses de manière automatique. La gâchette se transforme alors en bouton auto-win et permet de se promener à travers des hordes d’ennemis qui virevoltent à droite à gauche sous vos coups de butoir. Pour le challenge, on repassera, mais tout faire Peter à l’aide d’un chien robot, force est de constater que cela s’avère plutôt fun, mais pas à proprement parler « réaliste ».
L’autre feature particulière du jeu est son incroyable système de customisation des armes à feu proposant jusqu’à 20 millions de commination possibles (c’est du moins ce qu’affirme le dos de la boite du jeu) ! De la lunette au type de chargeur en passant par la couleur, les fans de matos militaire ne se sentiront donc plus aller en ayant l’impression de constituer eux même leur flingue en se basant sur des armes véridiques (du moins semble-t-il). Mais durant le briefing précédant les missions, votre conseiller en arme (à savoir la voix off) a déjà monté votre arme à votre place en l’optimisant pour les besoins de la mission, ce qui rend cette feature inutile pour le mode campagne. Mais ceux attirés par le mode multijoueur pourront donc passer des heures à se fabriquer le pétard de leurs rêves, histoire de bien s’y croire. De manière plus globale, ce que l’on peut dire c’est que quelle que soit l’arme dont on dispose, il faut entre 1 et 4 balles afin de faire rendre l’âme à un ennemi, pour le reste, cela semble être plus du pinaillage de geek qu’autre chose.
Tom Clancy for the win
Cette fin de génération de console n’est pas forcément tendre pour les rétines. Et ce n’est pas Futur Soldier qui viendra contrecarrer cette tendance. Car visuellement parlant, le jeu est moche, vraiment. La direction artistique premièrement a une sacrée tendance à privilégier les couleurs ternes et grisâtres, où que se situe la mission. Même au cœur de l’Afrique et sous un soleil de plomb, les couleurs restent ternes et ennuyeuses. Les textures deuxièmement ressemblent souvent à du plastique, ce qui est un phénomène propre à cette génération de console. Mention particulière à la banquise du nord de la Russie qui donne l’impression de marché sur une maquette en plastique en taille réelle. Où que l’on soit sur le globe durant les missions, le jeu laisse une très mauvaise impression visuelle, et ce n’est pas les effets de particules plutôt réussis ou les effets pyrotechniques pas trop mal qui peuvent renverser la balance. Heureusement que cela n’a pas trop d’importance étant donné que l’on passe la plupart du temps avec les différentes lunettes à vision thermique ou à rayon X enclenchée, ce qui permet d’éviter de devoir regarder les environnements dans leur apparence d’origine. Quant aux quelques vidéos venant occuper les moments entre les missions, elles sont simplement inintéressantes et n’apportent absolument rien à l’immersion.
Niveau sonore, il faut clairement séparer la chose en deux catégories. Les bruits des armes et la musique de fond d’une part, particulièrement réussis et qui permettent de bien s’immerger dans les missions. Les dialogues d’autre part qui sont soporifiques et indignes d’intérêt, comme dans la plupart des jeux Tom Clancy. Il faut donc s’attendre à entendre « Roger that ! », « Do you copy ? », « We’ve got contact » ou encore « negative » encore et encore et encore jusqu’à ce qu’on se mette à leur répondre « ferme là ! » ou « fous-moi la paix » seul devant sa télévision. Et bien sûr, à chaque fois que l’on recommence un passage, les dialogues se répètent mot pour mot…comme dans tous les jeux Tom Clancy en réalité. Et bien que les bots nous donnent souvent des informations intéressantes sur les environnements, on est bien trop concentrés pour écouter exactement tout ce qu’ils ont à nous dire. Et on aimerait bien parfois qu’ils la ferment et qu’ils s’occupent de tirer sur tous ces ennemis au lieu de nous abreuver de leur science.
« Ah ! Perfide Future Soldier ! »
Avec tout ce que l’on peut dire de mal sur Ghost Recon : Future Soldier, et dieu sait qu’on peut en trouver des choses, il est d’autant plus incroyable qu’il faille là reconnaitre qu’il s’agit d’un bon jeu. Il y a déjà longtemps que la licence a troqué son réalisme originel pour une approche tellement fantaisiste et hollywoodienne, et tout le monde sait bien que la série ne reviendra jamais en arrière. Mais ce qu’il parvient à faire avec ce qui semble être une facilité déconcertante, c’est à donner tellement bien une impression de réalisme saisissante lorsque l’on est en pleine mission qu’on en oublierait presque totalement ce laxisme qui devrait pourtant nous faire sortir de cette impression de réalisme. Future Soldier parvient en réalité à masquer tous ses défauts en nous gratifiant d’un tour de passe-passe auquel il est bien difficile de résister et devant lequel il parait bien hypocrite de ne pas s’incliner quelque peu. La série réussit donc l’incroyable exploit de troquer le réalisme saisissant pour une impression de réalisme saisissante, tout en nous mettant aux commandes de super soldats pratiquement invincibles, à mille lieues de ses origines.
En résumé :
Tom Clancy’s Ghost Recon : Future Soldier est un véritable prestidigitateur. En mettant le joueur aux commandes d’un super soldat dont l’arsenal et la résistance physique fait de lui un véritable monstre de guerre, la série s’éloigne encore un peu plus de ses origines qu’elle a de toutes façon reniées il y a longtemps déjà pour s’acoquiner langoureusement avec le grand public. Des défauts, il en compte à la pelle, et ce n’est pas avec cet opus que la licence Tom Clancy va renouer des liens d’amitié avec ses fans de la première heure. Sa propension à faire de la Russie l’épicentre de toutes les menaces du monde finit par énerver, voir rebuter. Sa narration incompréhensible et limite « je m’en foutiste » s’inscrit dans la lignée des autres productions affublées du nom de ce bon vieux Tom, et son aspect permissif dans l’infiltration et laxiste dans le combat de tranchée aurait dû pourtant avoir raison de l’impression de réalisme qui a toujours fait l’identité de la série. Mais c’est justement là où il entourloupe son monde en donnant des sensations tellement bonnes lorsque l’on joue et que l’on ne se préoccupe de rien d’autre. Il se dégage du jeu une capacité à tellement bien immerger le joueur durant les phases de gameplay, qu’on en oublierait presque tout le reste, ou plus précisément, qu’on adore l’oublier pour profiter du moment présent. Difficile de lui en vouloir pour tout ce qu’il fait de faux tellement il réussit à nous le faire oublier par un tour de passe-passe. On aimerait bien le détester, le haïr pour le décalage qui existe entre ce qu’il est et ce qu’il devrait être, mais c’est peine perdue. Et même lorsqu’on y arrive, c’est bien connu : qui aime bien châtie bien…
+ | Une impression de réaliste très bonne, un gameplay bien précis, beaucoup de contenu, bonne durée de vie |
– | Scénario minable, narration nulle, graphismes ternes, optimisé pour le multi, très facile |
Type: | Action/Tactique | [xrrgroup][xrr rating=3/5 label= »Graphismes: »][xrr rating=4/5 label= »Bande Son: »][xrr rating=4.5/5 label= »gameplay: »][xrr rating=1.5/5 label= »scénario: »][xrr rating=4/5 label= »Durée de vie: »][/xrrgroup] |
Editeur: | Ubisoft | |
Age/PEGI: | 18+ | |
Sortie: | 24.05.2012 | |
Multijoueurs: | 12 joueurs | |
Plates-formes: | XBox 360/PS3 | |
Testé sur: | XBox 360 |
Achete, fini parce que paye. Decu.
aurai pas mis plus de 3/5.
vous ecrivez bien, mais c’est 10x trop log pour ne rien dire…
Et pourquoi déçu?