« Je suis passée de Dieu à Diable ». C’est sur ces mots que s’ouvre « Je suis la mère d’un bourreau » de David Lelait-Helo. Un matin, Gabrielle de Miremont, reçoit la visite d’un gendarme. Il lui annonce la mort de son fils cadet, le Père Pierre-Marie, sa plus grande fierté. De quoi est -il mort ? Il faudra remonter onze jours avant la mort du prêtre pour comprendre ce qui s’est réellement passé et revenir au commencement, lorsque le journal local dévoile un scandale pédophile dans la paroisse. A la lecture de l’article, Gabrielle de Miremont va mener sa propre enquête et découvrir peu à peu que non seulement l’article n’est pas qu’un tissu de mensonges mais qu’en plus, son fils qu’elle croyait si parfait et qu’elle appelait Mon Père, est le monstre en question. Arrivée au crépuscule de sa vie, Gabrielle de Miremont voit toutes ses certitudes s’effondrer tel un château de cartes. Le récit dresse le portrait de cette mère, de cette femme qui va, peu à peu, s’adoucir dans l’épreuve et perdre de la rigidité et de l’austérité qui la constituaient. « Si le cœur est enfermé dans la poitrine ce n’est pas un hasard, c’est que rien ne doit en sortir » disait le père de Gabrielle de Miremont.
L’auteur s’attache à montrer comment la violence est ressentie par cette mère. Elle va rencontrer le journaliste qui a dévoilé le scandale, affronter son fils et faire la connaissance de la victime. En découle plusieurs face à face magistraux. Faisant écho au rapport Sauvé qui a mis à jour les abus sexuels pratiqués par certains hommes de Dieu au sein de l’Eglise catholique, le roman donne également la parole à Hadrien, la victime : «Un homme de Dieu tire trois fois plus car il massacre votre corps, mais tire aussi à vue dans votre âme et exécute votre foi. Cet homme m’a tué », dira Hadrien à Gabrielle de Miremont. Il explique notamment comment il s’est fait tatouer pour se rapproprier le corps que le prêtre lui a pris. Un récit court et intense. « Je suis la maman du bourreau » est un roman uppercut dont on ressort complètement essoré ! A ne pas rater !
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