Après le succès critique et l’engouement suscité lors de la sortie de Kingdom Come Deliverance en 2018, Warhorse Studios, équipe indépendante tchèque, a logiquement continué de faire vivre son projet en apportant énormément d’améliorations au produit initial et d’ajouts de contenu. Sept ans plus tard, le studio nous invite à reprendre la route et à suivre une nouvelle fois les aventures du jeune Henry de Skalice dans sa quête de vengeance dans ce nouveau chapitre qui ravira sans difficulté tous les fans de RPG et tout particulièrement la communauté férue des jeux de rôles dans ce monde qui prend son inspiration dans le royaume de Bohême du XVe siècle.
Conditions : test réalisé sur PlayStation 5 avec l’édition Day One fournie par l’éditeur et mise à jour avec le patch Day One. Ces lignes sont rédigées après plus de 50 heures passées à arpenter le royaume avec les paramètres graphiques sur performance. Notez que Kingdom Come Deliverance est entièrement traduit et doublé en plusieurs langues, y compris le français.
Pour rappel, Kingdom Come : Délivrance 2 est disponible sur Xbox Séries, PlayStation 5 et PC via les plateformes Steam et Epic Games.
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Bien que Kingdom Come : Delivrancee 2 soit la suite directe, il n’est pas obligatoire d’avoir parcouru le premier opus pour en profiter pleinement. L’introduction est tout au long de la narration, les références et les explications sur les événements passés suffisent amplement pour ne pas perdre les néophytes. De fait, nous retrouvons le jeune Henry, affublé du rôle de page, dépêché comme escorte du seigneur Hans Capon lors d’une mission diplomatique au château de Trosky, qui va vite tourner au vinaigre. De quoi permettre au récit d’initier, mais également de justifier ce nouveau départ et de rafraîchir les premières mécaniques, afin de nous accompagner plus en douceur lors des premières minutes de jeu et ainsi éviter les erreurs du premier opus en laissant de côté trop rapidement une grande partie des joueurs non initiés à cette approche assez réaliste, aux mécaniques très punitives, et qui ont été élevés à la mamelle des RPG modernes où tout est assisté.
La narration continue d’évoluer et devient bien plus dense, bien plus riche et gagne au passage en maturité grâce à son écriture qui continue de puiser son inspiration dans cet univers médiéval du XVe siècle sur fond de jeux de pouvoir, de trahison et de vengeance. Peu avant la sortie de KCD 2, le studio se vantait de proposer un script avec 2,2 millions de mots pour un jeu vidéo, un record. De fait, l’histoire et les différents récits constituent une nouvelle fois une composante majeure dans cette production, puisqu’elles sont toutes, à des niveaux différents, interconnectées et que chaque échange avec les PNJs, chaque choix, chaque décision prise ou tout simplement la manière dont vous avez décidé de jouer influent sur le déroulement de votre aventure. Le simple fait de dire bonjour à un PNJ ou de l’aider dans une tâche qui semble banale peut déboucher sur une rumeur ou un indice, et, de fil en aiguille, offrir une quête à réaliser pour gagner de l’expérience, de l’équipement, quelques groschens (la monnaie locale) ou tout simplement améliorer votre réputation, qui peut également avoir des conséquences pour la suite. Cette construction basée et qui met en avant l’aspect roleplay demande de prendre son temps et de mesurer chacun de vos choix.
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Kingdom Come Deliverance est souvent comparé à un simulateur de vie au Moyen Âge puisqu’il accentue son aspect roleplay avec diverses mécaniques qui ont un vrai impact en jeu, et non de simples variables à surveiller pour approfondir l’immersion. Toute la gestion autour du sommeil, de la faim, de la propreté, des vêtements portés, des blessures ou encore des maladies a une importance et joue un rôle crucial lors de vos combats, dans vos tâches, mais aussi et surtout lors des échanges avec certains PNJs et de l’influence qu’on peut avoir. Il est beaucoup plus simple d’éviter les échecs lors des dialogues et des échanges si vous n’êtes pas couvert de boue ou de sang et avec des vêtements propres. Un noble ou un chevalier a plus d’influence sur le bas peuple qu’un voleur ou un crasseux. Votre odeur peut aussi vous trahir lors de certaines phases de jeu. Il serait dommage de tout recommencer pour une toilette loupée. En fonction de votre comportement envers les villageois, soit vous êtes le bienvenu, soit ils peuvent prendre les armes contre vous ou faire appel aux gardes pour vous punir de vos crimes et vous mettre au pilori. C’est à vous de voir.
Toutes ces mécaniques et cet aspect ultra roleplay et réaliste s’immiscent également dans son gameplay et sa prise en main. Autant le dire tout de suite : si vous n’avez pas aimé cette approche en 2018, passez votre chemin, car Kingdom Come : Deliverance 2 est purement et simplement un copier-coller du premier épisode, pour le meilleur, mais aussi pour le pire, puisque le studio a fait le choix de garder certains mini-jeux qui, sur le papier, peuvent être originaux, mais dont la pratique est tout autre, en particulier le crochetage. Mais le point le plus pénalisant et très désagréable réside dans la sauvegarde. Dans le souci de rendre chaque décision lourde de conséquences et d’offrir à chaque joueur une aventure unique, la sauvegarde passe par la consommation de schnaps, mais il faut encore en avoir sur soi. Il existe bien une sauvegarde automatique, mais elle se réalise uniquement lorsqu’on accepte ou termine une quête, ce qui veut dire que tout ce qui pourrait se passer entre et, pour une raison quelconque, vous mourrez ou échouerez, il faut tout recommencer.
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Dans KCD 2, tout passe par l’apprentissage et la répétition des tâches. Plus vous prenez le temps de forger, plus vous gagnez de l’expérience dans cette compétence et débloquez ainsi divers atouts au fur et à mesure. Ceci marche pour tous. Pour améliorer sa force, par exemple, il faut réaliser certaines tâches ou transporter des objets lourds. Pour améliorer ses aptitudes de combat, et spécifiquement pour une arme, il faut se battre et s’entraîner avec cette arme, ainsi de suite. Il en va de même pour tous les aspects en jeu : la furtivité, le vol, le crochetage, la survie, être un bon maître chien, le tir à l’arc, l’alchimie, etc. Bref, vous l’aurez bien compris, Kingdom Come : Deliverance est très chronophage, en particulier dans ses premières heures, mais l’expérience mérite le détour.
Malheureusement, cette approche peut engendrer quelques frustrations, puisque si vous n’avez pas pris le temps d’améliorer une compétence ou une statistique parce que c’est votre façon de jouer, vous risquez d’augmenter la difficulté au cours de l’aventure, lors d’une mission par exemple, et ce n’est jamais le bon moment.
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Kingdom Come : Delivrancee 2 ne fait pas partie des standards actuels, pour tout ce qui est triple A, s’il fallait simplement s’arrêter sur son aspect purement graphique. Pour autant, le titre de Warhorse se défend bien, non sans être exempt de défauts, mais, comparé au premier épisode, le monde retranscrit prend vie grâce à une plus grande maîtrise du moteur CryEngine et propose une expérience vraiment jolie et agréable. Cette maîtrise se traduit à l’écran par une modélisation réaliste et un souci du détail, pour tout ce qui est des lieux, des bâtiments, de la gestion dynamique du temps et des nombreux PNJs. Tout est bien scripté et chaque villageois vit et vaque à ses occupations sans aucune intervention. Tout ce travail effectué par les développeurs permet de générer une ambiance avec ce sentiment de voyage et de dépaysement total.
Mais à décharge, Kingdom Come Deliverance compte encore de nombreux bugs, dont certains restent récurrents, comme le souci de collision qui peut rapidement devenir atroce. On note également pas mal de problèmes dus à l’éclairage, quelques loupés dans l’enchaînement des scripts lors des cinématiques qui peuvent résulter de la disparition pure et simple de PNJs ou encore quelques loupés dans le doublage et la traduction des sous-titres. Sans compter sur quelques détails d’affichage avec le chargement tardif des textures et autres clipping. En soi, cela reste de l’optimisation qui peut être résolue avec l’arrivée dans le futur de mises à jour.
Plus grand, plus joli, mieux maîtrisé dans tous ses aspects, Kingdom Come Deliverance 2 est un vrai appel à l’exploration et à l’immersion grâce à son univers travaillé, détaillé, crédible et poursuit avec brio les ambitions initiées par le studio en 2018. Le travail titanesque réalisé sur la narration offre une aventure unique à chaque partie et l’expérience offerte n’a pas son pareil. Malheureusement, tout n’est pas parfait et le titre continue de traîner ses boulets, on pense notamment à sa sauvegarde. KCD 2 peut sembler difficile, mais demande simplement à être apprivoisé pour devenir tout simplement addictif.
Note : 3.5/5
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