Vous rêvez d’en savoir un peu plus sur Haruki Murakami ? Alors rien de tel que la lecture de « Abandonner un chat. Souvenirs de mon père » tout récemment paru aux éditions Belfond. Dans ce court essai sur son père disparu, l’écrivain nippon nous livre des bribes de souvenirs de son enfance et remonte le fil de l’histoire de son père. Il y décrit également sa relation avec ce dernier qui fut loin d’être paisible. Mais malgré leurs divergences dans le détail desquelles Murakami n’entre pas, les deux hommes finiront par se réconcilier.
Dans la première anecdote de son enfance qui a donné le titre à l’ouvrage et à sa page de couverture, il raconte qu’il est parti avec son père à vélo abandonner leur chatte sur une plage. Murakami ne se souvient plus de la raison pour laquelle son père avait décidé d’abandonner l’animal mais il se rappelle son visage qui exprima successivement la stupéfaction, l’admiration et le soulagement à la vue de la petite chatte qui les attendait à la maison. Quand on sait tout l’amour que Murakami porte aux chats et l’importance que ces derniers occupent dans sa vie et sans son oeuvre, on est surpris du ton détaché sur laquelle il nous livre ce cruel abandon malgré la tristesse et le regret de son impuissance toutefois évoqués. L’écrivain se souvient ensuite de son père qui, chaque matin, avant le petit-déjeuner s’agenouillait devant le butsudan pour prier les âmes de tous ceux qui étaient partis à la guerre. C’est que l’homme a été par trois fois mobilisé et que la guerre a provoqué chez lui un profond traumatisme qu’il a ensuite en partie transmis à son fils. On y apprend également que son père avait suivi des études pour devenir prêtre bouddhiste, adorait la littérature et composer des haikus et était devenu professeur de japonais.
Le récit bref, est accompagné de superbes illustrations d’Emiliano Ponzi. Tantôt de couleurs vives, tantôt d’un gris glacial, elle renforcent l’impression douce-amère qui se dégage du texte.
Ce texte où il est beaucoup question de guerre et de ses conséquences sur les êtres est aujourd’hui d’une troublante actualité !