Avis – Clair Obscur : Expédition 33

Depuis sa révélation lors du Summer Game Fest de 2024, la première production du studio français, Sandfall Interactive, est devenue un véritable phénomène et a fait énormément couler d’encre. Vraie curiosité avec ses promesses, son monde rempli de mystère et surtout ses positions, Clair Obscur : expédition 33, qui puise son inspiration dans le style J-RPG, a pour ambition de prouver que le gameplay au tour par tour a encore sa place dans l’univers des jeux de rôle de nos jours. Maintenant, reste à savoir si toutes ces belles promesses tiennent la roue.

Conditions de test : Clair Obscur : Expédition 33 a été réalisée sur PlayStation 5 Pro avec les paramètres graphiques sur performances. Ce mode offre le meilleur confort visuel sur la dernière machine de Sony. Notez que le titre propose un doublage de grande qualité, que ce soit en français ou en anglais, de fait, pas de jaloux. Après une quarantaine d’heures passées sans vouloir lâcher une seule seconde la manette, on vous livre notre verdict et honnêtement, j’ai rarement été aussi captivé par un jeu.

Une fois par an, la Peintresse se réveille et peint un chiffre sur son monolithe. Et ce jour-là, tous ceux qui ont dépassé cet âge se transforment en fumée et disparaissent. Année après année, ce nombre diminue et de plus en plus d’entre nous disparaissent. Demain, elle se réveillera et peindra le chiffre 33. Notre mission est de détruire la Peintresse pour qu’elle ne puisse plus jamais peindre la mort.

Nous sommes l’expédition 33.

Demain viendra

Avec Clair Obscur : Expédition 33 on est littéralement transporté par une narration forte qui arrive non seulement à capter l’attention du joueur dès les premières minutes tout en posant les bases d’une écriture solide qui laisse entrevoir les enjeux de son histoire empreint de mystère, mais arrive également à le maintenir éveillé tout au long de l’aventure. Cette prouesse qu’il faut souligner, est assurée par un équilibre presque parfait entre la mise en place du contexte narratif, de situation dynamique et riche en émotions avec des thèmes très peu abordés dans ce type de production, mais aussi entremêlés de moment plus légers pour permettre de souffler. Ce qui caractérise encore plus l’expérience est que Claire Obscure offre au travers de sa narration des personnages marquants dont l’écriture apporte cette profondeur au fil du temps, jusqu’à atteindre cet attachement et à comprendre tous les enjeux mis en avant avec une empathie pour l’ensemble de l’œuvre. Plus on avance dans l’histoire, plus on reste scotché par le travail titanesque réalisé sur l’univers qui ne cesse de nous surprendre et de nous forcer au questionnement sur le rôle, le but, mais aussi de l’importance des événements qui se jouent sous nos yeux.

Clair Obscur : Expédition 33 n’est pas qu’un simple dépaysement narratif, puisque les développeurs se sont attelés à construire un univers fantastique, détruit et déchiré par les événements du passé, digne des grands romans du genre. Grâce au talent de cette petite équipe montpelliéraine et le choix d’une direction artistique singulière il est impossible de ne pas être émerveillé ou de simplement admirer le travail réalisé qui arrive à nous faire littéralement oublier la structure couloir et linéaire, hormis la carte du monde, des différents lieux qu’il est possible de parcourir tout au long de notre périple. Chaque biome est unique et dégage une atmosphère caractéristique qui vient flatter notre imaginaire. Mais que dire de la bande originale et des somptueuses compositions de Lorien Testard et de l’interprétation d’Alice Duport-Percier qui vient d’une main de maître signer cette œuvre. Il est rare que je lance un jeu pour uniquement écouter en boucle sa musique. D’ailleurs, j’ai mis un point d’honneur à récupérer et à m’empresser une fois de retour au campement de passer en boucle les différents enregistrements musicaux trouvés dans les différents lieux de l’aventure.

Jusqu’à maintenant, j’ai volontairement esquivé de parler de l’histoire. Le but est vraiment de vous laisser vivre ce récit comme je l’ai vécu, et ainsi découvrir et y prendre part sans gâcher votre plaisir. Si vous envisagez de parcourir Clair Obscur, je vous conseille d’éviter les forums, les réseaux sociaux ou toutes sources qui pourraient vous dévoiler la narration.

Faire du neuf avec du vieux

Guillaume Broche et son équipe se sont mis en tête de réconcilier la geekosphère avec le tour par tour, très largement boudé des joueurs de RPG. Si Baldur’s Gate 3 avait déjà préparé le terrain, Clair Obscur va sans difficulté finir de rabibocher les derniers réfractaires. Influencé par de grands noms tels que, Persona, la série des Tales of ou encore Final Fantasy pour ne citer qu’eux, Sandfall Interactive propose une approche disons hybride et modernise en quelque sorte du tour par tour en y intégrant, sans rien inventé, mais fallait y penser, quelques mécaniques qui font la différence. Si le plus gros problème de ce gameplay est sa passivité qui se résume à simplement attendre son tour de jouer, Clair Obscure met en permanence à contribution le joueur et évite les temps morts avec deux mécaniques. La première est la réalisation d’actions contextuelles (QTE) afin d’améliorer et de booster nos compétences et la deuxième est d’intégrer des mécaniques de défense en temps réel telles que l’esquive, la parade ou le saut. Réussir une des mécaniques de défenses devient vital au fur et à mesure de l’avancée dans l’aventure, mais vient aussi récompenser l’action en offrant des points d’action (PA) qui permettent de lancer de nouvelles compétences. Réussir une parade enchaînée permet de déclencher une contre-attaque dévastatrice. 

Garder le joueur actif lors des phases de combat est vraiment une très bonne idée, enfin presque, puisque ces ajouts sont à double tranchant. Si le passage par l’apprentissage des différents patterns est gratifiant et offre une vraie progressivité à chaque rencontre, elles procurent une certaine frustration dû à une difficulté grandissante et honnêtement mal dosé sur les boss ou certains ennemis spécifiques, et ce, dès la deuxième moitié environ du jeu. Pourtant, le descriptif du mode de difficulté Expédition décrit une difficulté prévue pour le jeu avec des dégâts normaux et maîtriser l’esquive et la parade est encouragé. Hors en jeu, et j’insiste en particulier sur certaines rencontres, l’échec d’une mécanique de défense s’avère très pénalisante et ne pardonne pas. Cette frustration s’intensifie puisque les ennemis enchaînent des cycles de pattern au travers de combos de plus en plus longs et qui demandent d’enchaîner également l’esquive, le saut ou la parade dans un timing très serré. Chaque échec, en plus d’infliger de lourds dégâts ou diverses altérations, peut appliquer un effet bénéfique comme le bouclier, ce qui absorbe totalement un coup. Ce genre de situation peut rapidement devenir grotesque, avec un ennemi possédant une dizaine de boucliers, donc complètement invulnérable à chaque tour. Alors oui, un des personnages de l’expédition possède une compétence pour supprimer entièrement ces boucliers, mais il faut encore qu’il soit dans l’équipe active (équipe de trois) car il est impossible de switcher en plein combat de personnage. Donc, à moins d’être toujours super éveillé et avec de très bons réflexes ou que vous n’aimez pas recommencer plusieurs fois un combat pour le maîtriser, je vous conseille de passer en difficulté Histoire. Malheureusement, la difficulté Histoire a tendance à rendre le jeu un peu trop facile. On espère une mise à jour rapidement afin d’apporter un équilibrage sur ce point.

Dynamiser l’aspect tour par tour n’est pas le seul argument qui caractérise Clair Obscur et on note un énorme travail réalisé sur chaque membre de l’expédition 33 pour les rendre uniques. Par exemple, Lune, la mage du groupe, porte son gameplay principalement sur la création et l’utilisation de pigments, ce qui accroît les effets de ses compétences., Maelle quant à elle, peut changer de posture de combat pour améliorer sa défense ou ses dégâts. Cet aspect se développe au fil de leur montée en puissance et oblige en permanence de revoir la synergie entre tous les membres de notre équipe, mais aussi d’ouvrir de nouvelles possibilités en débloquant de nouvelles compétences basées sur les éléments (feu, terre, foudre, glace, soin) ou divers effets affaiblissements. S’y greffent alors les pictos et les luminas qui viennent enrichir le champ de possibilités. Pour faire simple, chaque pictos permet d’améliorer les attributs d’un personnage et d’offrir un effet passif appelé luminas, comme un point d’action au début du combat, d’appliquer une régénération pendant trois tours ou de porter un coup supplémentaire à l’attaque de base. Une fois le pictos équipé et maîtrisé, son passif peut être utilisé par n’importe quel autre membre de l’équipe à condition d’avoir assez de points lumina. 

Clair Obscur permet une grande variété de possibilités et on passe beaucoup de temps pour trouver la bonne combinaison et construire un build qui nous correspond le mieux. C’est ce qui fait sa force et le démarque des autres J-RPG de ces dernières années, surtout venant d’un petit studio face au ténor qui ne cesse de se perdre et finit par détruire leur propre licence. 

Pour un premier essai, SandFall Interactive a placé la barre très haute et il sera difficile d’oublier cette expérience dans les prochaines années, ce qui place Clair Obscur comme nouvelle référence du genre sur bien des aspects. Cette trente-troisième expédition m’a littéralement conquis et bien que je sois complètement sous le charme, Clair Obscur : Expédition 33 porte aussi quelques petits défauts qui peuvent rapidement s’expliquer par son statut de jeu AA et de la petite équipe derrière ce projet. On note des menus pas très clairs et peu ergonomiques, des animations encore perfectibles et quelques chutes d’image par seconde lors des cinématiques. Par contre, pour ce qui est des bugs, c’est un sans faute. Comme quoi, avec une équipe de passionnée et les bons outils, on arrive à faire de l’ombre au mastodonte du secteur.

Verdict : 4.5/5 Indispensable !

A propos cedric

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