Quatre ans après l’arrivée de son Alpha A1, Sony dévoile son successeur, l’A1 II, un boîtier hybride qui conserve l’héritage technologique de son prédécesseur tout en apportant des améliorations notables. Moins révolutionnaire que disruptif, ce modèle vise à séduire les adeptes de la monture E grâce à une combinaison d’atouts éprouvés – un capteur haute définition de 50 mégapixels et un viseur électronique sans interruption d’affichage – et d’avancées significatives, telles qu’un autofocus dopé à l’intelligence artificielle, une stabilisation accrue et un mode de pré-capture.
Si le premier Alpha A1 s’était imposé en 2021 comme une référence incontournable en conjuguant vitesse et haute définition, la donne a changé. Désormais, Sony n’est plus seul sur ce segment, Canon et Nikon ayant développé des alternatives aux caractéristiques similaires. L’enjeu pour la marque japonaise est donc de maintenir son statut d’acteur dominant sur un marché où la compétition s’intensifie.
Une ergonomie repensée pour un confort accru
À première vue, l’A1 II semble très proche de son prédécesseur. Pourtant, une prise en main attentive révèle des évolutions notables. Le boîtier gagne légèrement en volume et en profondeur (passant de 82 mm à 93 mm), offrant un grip plus long et large qui améliore considérablement la préhension. Cette modification, bien que subtile, s’avère précieuse pour les photographes professionnels, notamment ceux équipés d’objectifs imposants. Bien que ce léger embonpoint puisse surprendre certains utilisateurs aux mains plus menues, l’appareil conserve une légèreté qui le rend maniable, même lors de longues séances de prise de vue.
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Sony a également apporté des ajustements ergonomiques aux commandes. Une bague de sélection de mode fait son apparition autour de la molette PASM, le déclencheur adopte une inclinaison plus marquée pour un accès plus naturel, et un bouton programmable C5 s’ajoute à la façade, facilitant l’accès à des fonctions personnalisées. Des modifications discrètes mais bienvenues, qui témoignent de l’écoute des retours utilisateurs et du souci d’optimisation de l’expérience de prise de vue.
Une visée électronique toujours plus performante
Si l’Alpha A1 avait marqué les esprits avec son viseur de 9,44 millions de pixels exempt de blackout, son successeur ne se contente pas de reconduire cette technologie : il la perfectionne. L’affichage conserve sa précision en mode standard (60 Hz), mais gagne en fluidité à haute vitesse, atteignant 240 Hz en situation extrême. L’introduction d’un mode intermédiaire à 120 Hz, sans perte de qualité d’image, constitue un atout indéniable pour les photographes exigeants. Par ailleurs, le confort visuel est renforcé grâce à une pièce de caoutchouc plus large et ergonomique, un détail crucial pour les professionnels qui passent de longues heures l’œil rivé au viseur.
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Un écran modernisé et une connectivité plus rapide
Sony corrige une faiblesse du premier modèle en dotant l’A1 II d’un écran orientable polyvalent, adapté aussi bien à la photographie qu’à la vidéo. La dalle LCD gagne en définition, passant de 1,44 à 2,1 millions de pixels, améliorant ainsi la précision d’affichage de 45 %.
Côté connectivité, le boîtier s’adresse particulièrement aux photographes sportifs en intégrant une prise réseau RJ45 améliorée, dont le débit passe de 1 Gbit/s à 2,5 Gbit/s. Cette avancée permet un transfert ultra-rapide des images vers les rédactions, un atout majeur lors d’événements en temps réel. Seule ombre au tableau : l’absence de prise en charge du Wi-Fi 6 ou 7, Sony se contentant d’un protocole Wi-Fi 5, une technologie désormais vieillissante face aux standards actuels.
Une stabilisation et un autofocus dopés à l’intelligence artificielle
L’une des évolutions majeures de l’A1 II réside dans son système de stabilisation mécanique du capteur, qui passe de 5,5 à 8,5 vitesses au centre de l’image, et à 7 vitesses sur les bords. Ce progrès se traduit par une meilleure capacité à capturer des images nettes à des vitesses d’obturation plus lentes, notamment en basse lumière. L’amélioration est particulièrement perceptible en mode vidéo, où la stabilisation active compense efficacement les mouvements de l’opérateur.
L’autofocus, déjà performant sur l’A1, bénéficie ici d’une nette avancée grâce à un coprocesseur dédié à l’intelligence artificielle. Ce dernier accélère la détection des yeux humains et animaux de 30 %, et celle des oiseaux de 50 %. Lors de tests en conditions difficiles – neige dense et faible luminosité – l’appareil a su maintenir une mise au point fiable sur des sujets en mouvement, confirmant l’efficacité de ce nouvel algorithme.
Un mode pré-capture enfin intégré
Attendue de longue date, l’arrivée d’un mode pré-capture sur l’A1 II marque un tournant pour les photographes spécialisés dans les scènes d’action. Ce système enregistre en continu les images dans une mémoire tampon, permettant de récupérer des clichés précédant l’instant du déclenchement. Une fonctionnalité précieuse pour saisir des moments fugaces, bien que gourmande en énergie.
Un capteur reconduit, mais toujours performant
Contrairement à certaines attentes, Sony n’a pas développé un nouveau capteur pour l’A1 II. Il s’agit d’une version légèrement optimisée de celui de son prédécesseur, conservant une résolution de 50 mégapixels et des performances déjà solides en matière de gestion du bruit et de restitution des couleurs. Les améliorations, bien que subtiles, concernent principalement l’optimisation du traitement de l’image grâce au déchargement de certains calculs vers la puce IA, permettant une légère amélioration du rendu dynamique et de la vitesse de traitement des fichiers.
Un positionnement tarifaire qui interroge
Lors de son lancement en 2021, l’Alpha A1 s’imposait sans réel concurrent sur son segment. En cette fin d’année 2024, la situation a changé. Canon et Nikon proposent désormais des boîtiers similaires, comme le Z8 ou l’EOS R5 II, équipés de capteurs de 45 mégapixels et de fonctionnalités comparables, pour un tarif nettement inférieur. L’A1 II, affiché à CHF 6599.-, dépasse ainsi de plus de CHF 2500.- ses rivaux, une différence qui pourrait peser dans la balance, notamment pour les photographes en quête d’un premier investissement dans un système hybride haut de gamme.
Verdict : un boîtier d’exception, mais un rapport qualité-prix à débattre
Le Sony A1 II perpétue l’héritage de son prédécesseur en conservant un capteur performant et une rafale ultra-rapide, tout en améliorant des points-clés comme l’ergonomie, l’autofocus et la stabilisation. Cependant, son prix élevé et l’émergence de concurrents proposant des alternatives plus abordables posent la question de sa pertinence sur le marché actuel.
Si cet hybride de haut vol reste une référence pour les photographes professionnels déjà équipés en monture E, il devra convaincre les nouveaux acheteurs qu’il justifie l’écart de prix avec la concurrence. Dans un marché où les avancées technologiques sont de plus en plus partagées, Sony ne peut plus se reposer uniquement sur son statut de pionnier, mais doit désormais jouer la carte de la différenciation avec des innovations qui surpassent véritablement celles de ses rivaux.