Pour son premier roman intitulé « Celles qui peuvent encore marcher et sourire » Océane Perona, maîtresse de conférences en sociologie, nous plonge au cœur du groupe Violences, un service de police spécialisé dans les affaires d’agressions sexuelles. Le roman entremêle les voix d’Héloïse, enquêtrice, et d’Ophélie, jeune sociologue stagiaire. On y suit plusieurs histoires toutes plus prenantes les unes que les autres. Le lecteur est immergé dans les auditions tant des plaignantes que des mis en cause. Côté victime, il y a Laura Andrieu, une jeune, belle et brillante informaticienne retrouvée chez elle poignardée, violée par un inconnu et laissée pour morte, Caroline Hazan, aide-soignante dans un EHPAD, violée par son concubin sous la menace d’un couteau, Raluca Tristonescu, une prostituée roumaine agressée par arme blanche, Kloé Fabrice, violée il y a cinq ans à la suite d’une soirée arrosée, ou encore Victoire Laverrière qui porte plainte pour agression sexuelle par le copain de sa meilleure amie alors qu’elle avait 2,7 grammes d’alcool dans le sang. Sans oublier Mme Saadi, une sexagénaire à la consommation d’alcool excessive agressée par un homme qui l’avait raccompagnée chez elle à la sortie d’un bar. On entend aussi le point de vue des mis en cause ainsi que les réactions des proches des victimes.
Le récit contient une intrigue policière (au demeurant très bien menée) avec les différentes investigations menées et leurs résultats. Mais l’ouvrage aborde de nombreux thèmes d’actualité. Il y est question de la place du consentement, de la domination des hommes sur les femmes, mais aussi de la difficultés des victimes à témoigner, des sentiments de honte et de culpabilité qui les étreignent, des mots ou des remarques des enquêteurs susceptibles d’aider ou au contraire de détruire les victimes, de résilience. Les manquements de la justice ou les dysfonctionnements de la police sont aussi pointés du doigt et le groupe lui-même n’est pas épargné par les violences.
Un premier roman fort et puissant qui nous tient en haleine de bout en bout. Une belle réussite !