Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée, Mr Bojangles. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Jusqu’au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l’inéluctable coûte que coûte.
Adapté du best-seller d’Olivier Bourdeaut, cette tragi-comédie s’ouvre sur le coup de foudre entre deux êtres farfelus à l’occasion d’une fête sur la Riviera en 1958. Georges est fanfaron, Camille, elle, est somptueusement extravagante et virelvolte en permanence au bord du précipice. Ils vont se marier dans la foulée, « pour ne pas oublier », dit la jeune femme. Très vite naît de leur union un petit garçon prénommé Gary (comme Gary Cooper). La naissance de l’enfant ne remet aucunement leur mode de vie placé sous le signe de la fête et du plaisir. Ils refusent le quotidien et la routine, vivent avec une grue appelée « Mademoiselle Superfétatoire », se créent un monde extravagant où tous les fantasmes sont possibles et où les factures s’empilent comme en atteste la pile géante de courriers qui s’entassent à l’entrée de leur appartement. Ils se vouvoient et parlent de manière précieuse. Et danser sur « Mister Bojangles » de Nina Simone permet d’évacuer la mélancolie et les idées tristes.
La première partie du film est légère et revêt des allures de comédie rétro et stylisée. Pourtant une première fissure apparaît lors d’une fête lorsque le visage de Camille se fige subitement en pleine danse. « Vous avez égaré votre sourire sur la piste de danse ? », lui demande l’Ordure, un ami. On sent alors que Camille cache un côté obscur et que le film va glisser peu à peu vers le drame. La deuxième partie est en effet sombre malgré de brefs moments d’espièglerie joyeuse. Camille bascule peu à peu dans la folie, devient violente et perd totalement le contrôle d’elle-même. Malgré tout, la famille s’aime très fort et père et fils vont tout entreprendre pour aider Camille à affronter ses démons et la protéger d’elle-même.
Cette histoire d’amour fou au sens littéral du terme est portée par Virginie Efira et Romain Duris (qui avait déjà joué dans « Populaire » de Régis Roinsard). Virginie Efira est attachante et crève l’écran dans le rôle de cette femme frappée de déraison qui célèbre l’existence (on avait aimé la voir dans « Benedetta » et on se réjouit de la retrouver dans « Madeleine Collins ») . Malgré leur excentricité, les deux amants savent nous émouvoir et nous toucher en plein cœur. Gregory Gadebois, quant à lui est méconnaissable et sublime en ami dévoué de la famille. Et mention spéciale à Solan Machado-Graner qui est la révélation du film.
A la fois tendre, poétique, sensuel, élégant et burlesque le film s’avère bouleversant. On se souviendra longtemps de ce couple d’amants éperdus qui construisent des châteaux en Espagne et de cette famille qui s’aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie…
En attendant Bojangles
Un film de Régis Roinsard
Avec Virginie Efira, Romain Duris, Grégory Gadebois, Solan Machado-Graner
Durée : 2h 04
Distributeur : Pathé Distribution
Age légal : 14 ans
Age suggéré : 16 ans
Date de sortie : mercredi 5 janvier 2022