Olivier Adam dont chaque sortie est très attendue vient de publier chez Flammarion « Il ne se passe jamais rien ici ». Faisant une incursion dans le roman noir, l’auteur nous livre une enquête après un féminicide, mais aussi et surtout le drame d’une communauté dont les habitants ont des secrets bien cachés.
Disons-le d’emblée cet ouvrage est un pur chef d’œuvre. L’intrigue se situe dans un village niché sur les rives du lac d’Annecy. Là où il ne se passe jamais rien. Et pourtant un jour au petit matin, le corps d’une femme assassinée est retrouvé au bord de l’eau. Cette femme c’est Fanny. Caissière chez Proxy, la belle était connue pour faire battre le cœur de tous les hommes du village. La veille, elle avait passé la soirée au Café des Sports avec les habitués. Parmi eux, Antoine, son ex. A 38 ans, ce dernier habite un studio qu’il loue à ses parents dans les combles d’une maison familiale. Il n’a pas aussi bien réussi que son frère Benoît, directeur d’une clinique ou que sa sœur Claire à la tête d’un hôtel du coin. Jugé instable par tous et étant le dernier à avoir vu la victime, Antoine va vite faire figure de coupable idéal.
Ce roman choral donne tour à tour la parole à tous les habitants du village : Antoine, Marlène, Claire, Sushi Man, Pedretti, Bréhal, Lucas, Simon, Justine, Léa, Louis, Cécile et bien d’autres. Tous doivent faire face au choc de la nouvelle. Tous se demandent qui a bien pu s’en prendre à Fanny. Ce procédé littéraire permet au lecteur de savoir ce qui se passe dans la tête de chaque personnage notamment durant son interrogatoire par la police. L’intrigue bien que présentant peu de rebondissements est palpitante et addictive. Oliver Adam autopsie avec brio les failles et les fragilités des personnages, la violence cachée des hommes et leurs silences. Une réussite totale.