Une option expérimentale intégrée à l’application Facebook scanne les clichés enregistrés sur les téléphones. Officiellement conçue pour faciliter la création d’albums et de récits visuels, elle soulève pourtant de sérieuses interrogations sur la confidentialité et le consentement.
Le géant californien Meta, maison mère de Facebook, est à nouveau au cœur d’une polémique. L’entreprise a en effet amorcé le déploiement d’une fonctionnalité inédite, dotée d’intelligence artificielle, capable d’examiner en arrière-plan les photographies enregistrées dans la mémoire des smartphones. Une initiative technologique qui, loin de faire l’unanimité, soulève un vent d’inquiétude concernant la protection de la sphère intime et la confidentialité des données numériques.
Une innovation expérimentale sous surveillance critique
Depuis plusieurs semaines, des utilisateurs rapportent avec circonspection l’apparition d’un outil d’analyse automatisée de leurs clichés, parfois activé sans consentement explicite. Ce mécanisme, présenté initialement comme une simple aide à la création de récits visuels — albums, montages ou mosaïques de souvenirs — pourrait en réalité s’inviter jusque dans les galeries personnelles, y compris pour des images jamais partagées en ligne. Ce que redoutent les internautes, c’est précisément la discrétion de l’activation : certains assurent n’avoir jamais eu l’opportunité de refuser la collecte, la fenêtre de consentement n’apparaissant pas systématiquement.
Entre promesse créative et soupçon d’ingérence
Officiellement, Meta soutient que l’objectif est purement convivial : permettre aux abonnés de redécouvrir leurs voyages ou instants marquants sous une forme éditorialisée, grâce aux suggestions automatiques de l’IA. Les données collectées — objets détectés, visages identifiés, indications temporelles — seraient exploitées uniquement pour nourrir ces créations visuelles et ne serviraient pas, selon l’entreprise, à affiner la publicité ciblée. Mais la frontière entre innovation séduisante et intrusion numérique demeure ténue, et nombreux sont ceux qui dénoncent une dérive vers une surveillance insidieuse des usages privés.
Une désactivation possible, mais partielle
Pour les plus soucieux de garder le contrôle sur leur intimité numérique, une procédure existe. Depuis l’application mobile, il suffit de se rendre dans la rubrique Paramètres et vie privée, puis d’ouvrir la section Suggestions issues du partage de pellicule afin de désactiver le traitement intelligent des photos. Toutefois, la portée de cette manœuvre reste limitée : seuls les clichés récents — ceux des trente derniers jours — seraient concernés, et la fonctionnalité demeure spécifique aux systèmes iOS et Android. Meta affirme par ailleurs que les données sont supprimées automatiquement au bout d’un mois, promesse qui ne suffit pas à lever toutes les réticences.
Le spectre persistant du doute
Au-delà des explications officielles, un sentiment d’opacité plane encore autour de ce dispositif. Ni le calendrier du déploiement ni les garanties de confidentialité ne semblent convaincre pleinement. En définitive, la controverse illustre une fois de plus le dilemme contemporain : profiter de services numériques toujours plus sophistiqués ou préserver, coûte que coûte, l’intégrité de sa vie privée. Une certitude néanmoins : pour les plus prudents, le réflexe demeure de tenir leurs clichés hors d’atteinte, le temps que la transparence fasse enfin la lumière sur les véritables intentions de Meta.