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Might and Magic Heroes VI

Née en plein milieu des années 90, la série des Heroes of Might and Magic a réussi en 15 ans à se forger une solide réputation parmi les jeux de stratégie au tour par tour.note-35-pc
[tab:Review] Comprenant un background richissime ainsi qu’un gameplay d’une profondeur assez ébouriffante, les 5 épisodes sortis jusqu’ici, ainsi que les DLC qui vont avec, n’ont que peu évolué et sont restés fidèles à leur aspect « pour hardcore gamers uniquement ». Ce genre d’approche n’étant apparemment plus rentable, ce sixième épisode est donc sensé, une fois n’est pas coutume, attirer  un public nouveau (ce fameux public plus large qui ne s’intéresse apparemment à rien), tout en contentant les accrocs de la première heure. Ce sont les Hongrois de Black Hole Entertainement à qui est incombé la lourde tâche et le redoutable honneur de faire plaisir à tout le monde en devant allier modernité et conservatisme.

Il est redoutablement difficile de parler de Heroes of Might and Magic. Non pas parce que la série en elle-même n’inspire pas grand-chose à celui qui y joue, loin de là. Mais plutôt car c’est une série qui compte presque une quinzaine de titres (DLC compris) et qui symbolise bien ce que signifie le mot « niche » en jeu vidéo. Certains ne jurent que par elle et, si l’on en croit les forums consacrés au jeu, par son troisième épisode que ces mêmes souhaiteraient voir ressortir des méandres du passé. Mais l’écrasante majorité des joueurs et non joueurs n’en a cependant strictement jamais entendu parler. Et pour cause, ce n’est pas le genre de jeu qui se prend à la légère. Si l’on s’investit dans Heroes of Might and Magic, autant le dire tout de suite, apprétez-vous à lui donner votre temps libre en sacrifice. Quant à ce sixième volet, il ne fait pas exception, de loin pas.

Les orcs, les elfes et les autres…

Pour ceux ne connaissant pas l’univers de la série, celui-ci est trop complexe et spécifique pour pouvoir être évoqué dans la profondeur en quelques lignes. Sachez donc que l’on est dans du pure heroïc fantasy. Une lignée royale de type chevaleresque, des orcs, des nécromanciens, des pouvoirs magiques, des guerres de succession, des créatures improbables, des sorcières, des bestioles qui parlent, etc., le tout dans un univers moyenâgeux. La totale en gros. Tout y passe. Et ce sixième épisode reprend bien le flambeau. Car l’histoire, même pour ceux qui posent pour la première fois le pied au cœur de cet univers, parvient à être captivante, profonde et bourrée de référence en tous genre. La campagne solo est donc partagée en 6 parties différentes, chaque partie vous mettant aux commandes d’un des clans (griffons, nécromanciens, orcs, etc.). Cela permet une bonne vision globale de l’univers et une narration souvent intelligente et bien ficelée. On ne peut pas toujours en dire autant des voix françaises, ou des traductions qui, même si elles sont le plus souvent correctes, ne cassent pas trois pattes à un lapin. Quant aux cut scenes, elles sont souvent et malheureusement d’une effroyable mocheté.

Il en va heureusement bien différemment de la réalisation globale du titre. Les maps sont souvent très réussies, avec de la végétation virevoltant au gré du vent, des effets magico-fantastiques souvent bien rendus et j’en passe. Le niveau de zoom sur les cartes est également impressionnant et on ne note pratiquement aucun ralentissement ni aucun temps de chargement dépassant la décence communément admise. Bref, Black Hole Entertainement a fait du bon travail au niveau technique. L’aspect artistique, inévitablement central dans un jeu à licence tel que celui-ci, est également bien fichu, avec des créatures très variées et souvent à très forte personnalité, rendant bien les différences entre les races et leur donnant un cachet visuel suffisant afin de satisfaire les rétines de celui qui pose son regard sur les millions de pixels. Mention également bien à très bien pour les musiques qui sont dans l’ensemble très réussies et dont l’intensité varie au bon moment juste ce qu’il faut afin de renforcer l’immersion. Bref, au niveau audio-visuel et artistique, pas grand-chose à redire, comme d’ailleurs au niveau de l’univers. Mis à part une traduction et des cut scenes décevantes, le résultat est excellent.

Se perdre dans le jeu

Mais ce Might and Magic Heroes VI, c’est également un gameplay, un gameplay que l’on adore détester, ou que l’on déteste adorer, c’est selon. En gros, pour la campagne solo, le jeu vous envoie sur l’une des 24 maps différentes. Vous, le héros, celui sensé mener les vôtres à remplir les objectifs qui vous sont attribués, débutez dans votre cité, et chaque tour vous permet de vous déplacer d’un certain nombre de cases par tour. La map est jonchée d’items, de ressources et de cités ennemies à capturer. Vous commencez avec un certain nombre d’unités, et pouvez en recruter d’autres toutes les semaines dans vos cités, à condition d’avoir débloqué (comprenez échangé contre des ressources) les bâtiments nécessaire à leur recrutement dans votre cité principale. Plus vous capturez de cités ennemies, plus vous pourrez recruter d’unités chaque semaine. Il arrive également que vous rencontriez des troupes souhaitant se joindre à vous lors de vos va-et-vients sur la carte. Le jeu ayant également un fort aspect RPG, les actions que vous accomplissez (récolter des ressources, combats, etc.) vous rapporteront des points d’expérience permettant à votre héros de monter en niveau et ainsi de débloquer des compétences spéciales et devenir plus efficace dans le domaine que vous aurez choisi. Ceci couvre donc très approximativement tout l’aspect carte du jeu, qui est en réalité d’une profondeur et d’une complexité assez hallucinante, voire renversante.

Lorsque l’on rencontre un ennemi sur la carte, ou alors que l’on décide gaillardement de convertir une cité s’obstinant à réfuter la vision des choses dont le héros est le porte étendard, commencent donc les combats. Ceux-ci sont relativement classiques, dans la plus pure tradition de la stratégie au tour par tour. Il y a différents types de combattants à disposition, qui ont tous leurs propres caractéristiques (combat au corps à corps, combat de loin, médecins, attaques ciblées, dégâts de zones, etc.). Le tout est relativement classique pour un jeu de stratégie au tour par tour, et ce n’est peut-être pas là que l’on trouvera de l’originalité, même si le héros peut également influencer les échauffourées en jetant des sorts, des attaques, etc. On attaque une unité après l’autre, puis c’est au tour de l’adversaire, etc. Plus on a d’unités dans nos groupes de combattants, plus celui-ci va en mettre plein la face aux unités adverses. Simple comme bonjour. Simple et efficace.

Le challenge du jeu consiste donc à trouver un bon équilibre entre toutes les possibilités qu’il vous met à disposition. Sachant que plus on passe de temps sur la map et plus les adversaires deviennent coriaces, il faut donc trouver un bon équilibre entre les objectifs, les renforts de troupes, les combats annexes, les quêtes secondaires et les déplacements du ou des héros, puisque vous avez le droit de faire appel à plusieurs héros, histoire qu’ils se partagent le travail. Cette liberté que le jeu donne par rapport aux éléments et aux objectifs donnés est ce qui fait sa grande force, mais c’est paradoxalement ce qui rend les qualités du jeux sujettes à débat. Car bon sang, tout ceci prend des plombes !

« Donne-moi ton temps dont tu ne sais que faire »

Le jeu possède une opportunité de se livrer à des parties personnalisées ainsi qu’à des parties multijoueur en ligne. Mais intéressons-nous à la campagne solo, la pierre angulaire de la série. 24 cartes donc pour une durée de vie qui dépasse facilement les 80 heures. Oui, vous avez bien lu 80 heures, car les cartes mettent des plombes à se terminer, je dis bien des plombes, certaines explosant facilement les trois heures et demie de jeu si vous avez la chance d’y arriver du premier coup. Car en réalité, afin de réussir une map, il est presque indispensable de la connaitre et de savoir tout ce qui va s’y passer à l’avance. Comptez donc souvent 3 essais au minimum. Afin de bien être sûr que l’on ne doive pas recommencer depuis le début, il est donc absolument nécessaire de sauvegarder manuellement toutes les 5 minutes. Oui, manuellement, car la sauvegarde automatique s’active après plus ou moins n’importe lequel de vos faits et gestes. Le problème, c’est que celle-ci ne peut stocker qu’une dizaine de sauvegardes et s’avère donc à peu près inutile. Il est difficile de décrire ce que l’on ressent lorsque, après trois heures de jeux sur une carte, un évènement inattendu vient mettre en lumière certaines erreurs stratégiques que vous avez effectuées durant les 30 ou 40 dernières minutes. Oublié de sauvegarder ? Il ne vous reste plus qu’à recommencer depuis le début. La frustration et la colère qui s’empare alors de notre subconscient est véritablement unique en son genre. Et que dire alors de l’arrivée au dernier combat d’une carte, après quatre heures de jeu, lorsque l’on se rend compte que l’on a passé trop de temps sur la map et que le dernier combat va être impossible, les unités ennemies étant en nombre bien trop élevé ? Que dire… Impossible de le décrire sans utiliser de références fécales ou de noms d’oiseau. Mais ce qui est sûr, c’est que les quatre heures de jeu peuvent être jetées à la poubelle. Frustrant, terriblement frustrant. Quatre heures de votre vie qui s’envolent.

Mais le pire dans tout cela, c’est que le jeu est suffisamment bien fichu pour que, le lendemain, une petite voix se réveille au fond de notre cerveau nous disant d’y retourner et de finir le travail. Une question s’impose : est-ce bien raisonnable ? Le jeu a un potentiel addictif très clair, mais il est tellement chronophage qu’il pose finalement une question intéressante : jusqu’à quel point un jeu a-t-il le droit de vous prendre votre temps libre ? Combien de temps est-ce qu’un jeu est en droit de vous réclamer, sachant pertinemment qu’il joue bien plus sur son potentiel addictif que sur ses qualités intrinsèques ?La question est difficile, mais il reste à espérer que n’importe quel joueur un peu… joueur comprenne de quoi il s’agit. Ce qui est peut-être le plus intéressant dans tout cela, c’est qu’un rapide tour sur les forums consacrés au jeu met en avant des joueurs trouvant que ce sixième épisode est devenu trop prévisible et qu’ils préféraient les anciens épisodes, dans lesquels le côté aléatoire des événements se passant sur la carte était bien plus sadique encore. Comme quoi tout est possible, mais si vous sentez que l’appel du jeu est plus fort que votre raison, il ne vous reste qu’à le désinstaller…

En résumé :

Avec ce Might and Magic Heroes VI, Ubisoft, en essayant tant bien que mal de contenter tout le monde, finit par pondre un jeu, non dénué d’innombrables qualités, mais qui est bien trop demandeur en temps et en ressources pour les novices et les gamers normaux, et qui s’applique trop à faire des compromis finalement inutiles pour satisfaire pleinement la niche de joueurs qui l’attendaient tel le messie. Qu’à cela ne tienne, ce n’est surement pas ce qui l’empêchera de trouver malgré tout son public. Combien de temps un jeu est-il en droit de vous réclamer ? Joue-t-il plus sur ses qualités ludiques et artistiques ou sur son potentiel purement addictif ? Ce sont des questions que l’on finit forcément par se poser lorsque l’on se plonge dans son univers. Chronophage à l’extrême, Might and Magic Heroes VI est presque la caricature d’un jeu de niche pour hardcore gamers, celui qui vous réclame votre temps libre dans sa quasi intégralité, sans jamais vraiment vous rendre la monnaie de votre pièce. On reste fébrile lorsque l’on voit à quel point il semble s’en moquer éperdument en sachant pertinemment que vous y reviendrez à un moment ou à un autre afin de passer cette satanée carte qui vous résiste. Génial ou dangereux ? C’est à vous de voir.

Mathieu Lanz

 

+ Excellente réalisation, un univers crédible, une histoire bien ficelée, des combats interessants
chronophage à l’extrême, élitiste, en demande trop au joueur

[tab:Fiche]
Type: Jeu de Rôle – Stratégie [xrrgroup] [xrr rating=4.5/5 label= »Graphismes: »] [xrr rating=4.5/5 label= »Bande Son: »] [xrr rating=4/5 label= »Jouabilité: »] [xrr rating=4/5 label= »Multi: »] [xrr rating=3/5 label= »Durée de vie: »] [/xrrgroup]
Editeur: Ubisoft
Age/PEGI: 16+
Sortie: 13 octobre 2011
Multijoueurs: oui
Plates-formes: PC
Testé sur: PC

 

 

 

[tab:Images] [nggallery id=86] [tab:Vidéo] [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=YXMylhrRcGM[/youtube] [tab:END]

A propos rivera

Rédacteur en chef et journaliste RP, ma passion pour les jeux vidéo et la technologie ne faiblit pas depuis mon adolescence, qui me semble pourtant bien lointaine. Un recul cependant intéressant, puisqu'il me permet de jauger les nouveautés avec un regard plein d'expérience, couplé à une envie d'écrire de tous les jours.

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Aucun commentaire

  1. très bien écrit ce texte ^^
    une superbe analyse
    merci 🙂

  2. Taain…
    On dirair Chocapic sur Gamekult, la culpabilité de l’addict en plus…
    +++

  3. Moi addict? jamais! 😉
    En tous cas merci pour le compliment et merci surtout d’avoir lu ^^

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