Malgré la notoriété évidente du manga Bleach, qui le hisse auprès des grands noms du genre, l’absence d’adaptation en jeu vidéo est rare. Hormis un titre mobile et dix ans après Soul Resurrección disponible sur PlayStation 3, Bandai Namco profite du regain d’intérêt autour de la licence avec la sortie de l’arc Thousand-Year Blood War en anime pour enfin étancher la soif des fans.
Conditions de test : Bleach a été testé sur PlayStation 5 Pro avec un code fourni par l’éditeur. Pour rappel, Bleach Rebirth of Souls est disponible sur PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Séries et PC.
Bankai !
Bleach Rebirth of Souls à deux objectifs, le premier, est la lourde charge de venir enfin proposer une adaptation digne de ce nom au Shōnen écrit par Tite Kubo, un comble au vu de la popularité du Manga, et la deuxième de venir briser cette spirale autour des jeux d’action en arène et cette malédiction qui ne cesse de peser sur les épaules de chaque adaptation depuis la sortie de la saga Naruto ultimate Ninja Storm.
Cette mise en perspective commence par un rafraîchissement dans le gameplay et Rebirth of Souls propose pas mal de bonnes idées sans révolutionner le genre et vient piocher divers mécanismes un peu partout. Si au premier coup d’œil et aux premiers échanges de coup, le titre garde les bases des jeux de combat en 3D du genre, que ce soit par son interface et sa prise en main, c’est surtout dans ses règles de jeu que les choses bougent.

Au début d’une rencontre, chaque personnage possède un certain nombre de points de vie, ici appelés les âmes, qu’il faut réduire à 0 pour remporter le combat. Pour ce faire, il faut au préalable réduire l’énergie spirituelle de son adversaire pour enclencher une attaque spéciale, le KiKon, et ainsi enlever une ou plusieurs âmes. Attaque puissante et dévastatrice, l’enclenchement d’un KiKon se traduit à l’écran par une animation spectaculaire et unique à chaque protagoniste qui vient à la fois titiller notre rétine, mais également faire référence directement à l’anime. Bref, du grand spectacle et du fan service à gogo.
De premier abord, cette approche est redondante, et peut l’être si on n’appréhende pas rapidement les autres aspects du gameplay. L’originalité est qu’au fil des affrontements une certaine tension se met en place avec divers mécaniques et plus le combat s’attarde plus les KiKon peuvent devenir dévastatrices, mais également spectaculaire, et enlever plusieurs âmes en une seule fois. Un combat n’est jamais gagné par avance. Cette tension se traduit par la jauge d’esprit combatif qui augmente petit à petit donnant la possibilité d’utiliser l’éveil, le fameux Bankai chère à la série et donc renforcer la canalisation des Kikons avec plusieurs paliers.

En intégrant ses divers mécaniques et aspects de gameplay, le studio Tamsoft a vraiment essayé d’apporter toute l’âme du manga et de l’anime dans cette adaptation et cela passe également par sa proposition au niveau des personnages. Aux nombre de 32, couvrant l’Arc du Shinigami suppléant à l’Arc de la bataille de Karakura, le travail effectué pour être le plus fidèle possible rend chaque protagoniste unique. Uniques dans le gameplay, puissant mais lent comme Kenpachi, ou rapide mais moins tranchant comme Yoruchi mais aussi par les animations vraiment réussies. Le studio a vraiment fait un énorme travail et cela passe également par le mode éveil, les fameux Bankai ou libération. Si pour certains on peut parler d’évolution visuel ou de puissance, d’autres plus spectaculaires comme celui de Renji changent temporairement le gameplay et nous transportent dans une autre arène plus adaptée.
Malheureusement et en fonction de votre apprentissage ou votre facilité à prendre en main ce type de jeu, soit on est totalement conquis par la proposition et approche très tactique des affrontements ou soit totalement déçu par sa prise en main lente et désagréable. Pour être honnête, ce dernier sentiment risque d’être dominant parmi les joueurs.
Je ne peux que vous conseiller de vraiment passer par la case didacticiel mais également par la case défis avant de vous jeter dans la mêlée ou de reléguer le titre au fond de votre tiroir.
Une narration sans rythme…
On a maintenant l’habitude, l’adaptation en jeux vidéo des différents manga populaire n’est rien d’autre que du fan service afin de surfer sur la hype du moment. Revivre les évènements de son univers préféré en y prenant part en est la base et Bleach Rebirth of Souls ne change pas la donne et adapte l’œuvre dans son intégralité hormis l’ARC Thoursand Year Blood War encore en cours de développement. Bien qu’on attend toujours une certaine fidélité une fois manette en main, nous sommes conscients qu’il n’est pas possible ou très difficile de jongler entre les deux formats et ainsi éviter les erreurs, d’une part de narration ou de retranscription. Pour autant et même si ce n’est pas le premier manga à être adapté, Tamsoft est tombé dans le piège.

Bien que fidèle, voire peut-être trop, étrange de dire cela, l’histoire principale de Bleach Rebirth of Souls est confrontée à un souci majeur, le rythme et le manque de vie. Dans l’anime et en règle générale, on continue à maintenir l’attention du spectateur par de l’humour, un changement de rythme et autre artifice que seuls les narrateurs arrivent à mettre en place. Ici c’est lent, c’est très loquace tout en s’attardant sur des moments moins attrayant, et l’humour connu de Bleach a totalement disparu. Cela devient trop vite ennuyant et le fragile équilibre entre narration et combat n’existe pas. Pire, la mise en scène des combats du mode histoire n’apporte rien de plus en termes de moment marquant. Dommage de dire cela mais les combats de boss de Naruto Ultimate Ninja Storm avaient le mérite de nous scotcher.
Cet ennui fait ressortir deux gros défauts majeurs. Le premier est l’OST, bien que celui proposé colle parfaitement au thème initié par Bleach, on regrette l’absence de la bande son tant aimé de l’anime et de ses musiques qui arrivait à hérisser les poils. Le deuxième défaut qui découle en grande partie du choix des plateformes, est les graphismes. Pour rappel Bleach Rebirth of Souls est disponible sur l’ancienne génération de console et au delà du manque de puissance c’est surtout le développement multi plateforme qui impact grandement le résultat. Les textures manquantes, la résolution basse même sur PlayStation 5 et ce flou permanent gâchent l’expérience. C’est dommage voir irritant puisque, pour être honnête ce Bleach a tout pour être un incontournable.

Bleach Rebirth of Souls est arrivée sur la pointe des pieds et restera malheureusement dans l’ombre. En cause, certains choix de développement ou d’éditeur, qui mettent en évidence certains aspects qui auraient pu être relégués au second plan. Le manque de rythme général du mode histoire gâche l’expérience et pour ne pas vous mentir j’ai même préféré avancé et zapper l’histoire pour me concentrer sur les affrontements et boucler l’aventure. Le mode online est quand même anecdotique et offre le strict minimum pour pouvoir s’affronter.
Verdict : 3/5