Une dizaine de passagers, qui n’auraient jamais dû se rencontrer, font connaissance, le temps d’une nuit à bord d’un train-couchettes, sans se douter que certains n’arriveront jamais à destination. Telle est la trame de « Paris-Briançon », le nouveau roman de Philippe Besson dont le prologue donne d’emblée le ton : « Pour le moment, les passagers montent à bord, joyeux, épuisés, préoccupés ou rien de tout cela. Parmi eux, certains seront morts au lever du jour ».
Ce n’est pas à bord de l’Orient-Express que l’écrivain nous embarque pour ce voyage au bout de la nuit, mais dans un banal Intercity.
Le lecteur commence par faire la connaissance des divers personnages dont les portraits sont brièvement esquissés dans de courts chapitres. Il y a Alexis Belcour, médecin généraliste de 40 ans et Victor Mayer, hockeyeur de 28 ans, blessé au ménisque, qui noueront une fugace romance. Il y a Julia Prévost, 34 ans, assistante pour une société de production, divorcée d’un voyou trop beau pour être vrai et flanquée de ses deux enfants. La jeune femme partagera, le temps du voyage, des confidences avec Serge Dufour, VRP de 46 ans. Enfin, il y a aussi Jean-Louis et Catherine Berthier, un couple de sexagénaires dont le compartiment jouxte celui d’un groupe d’étudiants inscrits en psycho à Nanterre. Tous se retrouvent dans ce train pour différentes raisons. Derrière les apparences souvent trompeuses se révèlent des êtres vulnérables avec leurs blessures, leur solitude ou leurs mensonges. Tandis que le train se met en branle et que les kilomètres défilent, on assiste aux liens qui se tissent entre les divers personnages et à la formation d’une petite communauté. Et puis, il y aura Giovanni Messina, camionneur de 27 ans, qui viendra emboutir le train de manière tragique alors que la sonnerie de son portable retentit…
Ce huis clos aussi captivant qu’émouvant évoque l’importance de l’instant et la fragilité de nos vies. Il nous rappelle que nul ne maîtrise son destin.
Dans un style toujours aussi brillant, Philippe Besson confirme une nouvelle fois encore tout son talent pour sonder l’âme humaine et nous éblouit par la justesse de ses observations. Paru aux éditions Julliard, « Paris-Briançon » qui est tiré d’un fait divers, est un des romans phare de cette rentrée littéraire.