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Test complet: Heroes of Ruin sur 3DS

Dans le monde impitoyable des jeux vidéo, il y a ceux que l’on chérit, ceux que l’on fait, refait et refait encore, histoire de se remémorer à quel point l’expérience qu’ils proposent est fascinante et intemporelle. Il y a aussi ceux que l’on déteste, ceux dont on a l’impression qu’ils nous ont ôté quelques heures de notre vie, et quelques dizaines de francs à notre porte-monnaie alors qu’ils n’en valaient pas la chandelle. Puis il y a ceux entre deux, ceux du ventre mou. Ceux qui n’ont pas grand-chose de particulier et qui ne laisseront pratiquement aucun souvenir une fois l’aventure terminée. Heroes of Ruin, Hack ‘n Slash multijoueur, développé par Square Enix London, a l’ambition de proposer un « Diablo » portable profitant des capacités online de la console afin de montrer qu’il est possible de faire du jeu en ligne solide sur 3DS. Au final, il n’a cependant rien de particulier pour capter votre attention et tombe lourdement de tout son poids dans la catégorie des titres que l’on oublie dès le moment où l’on éteint la console.

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« Do you have déjà vu ? »

Héros sans peur que vous êtes, vous voilà parti à la rescousse d’Ataraxis, sage à l’allure de sphinx souffrant de mille maux et seul garant de la paix qui règne sur le royaume après des années de guerre. Parce que vous êtes un brave gaillard prêt à tout pour sauver la veuve et l’orphelin ? Pas vraiment, car comme le précise l’histoire, Heroes of Ruin est une quête pour la renommée et la fortune que vous procurerait le fait d’avoir sauvé Ataraxis. Votre motivation virtuelle sera donc la popularité et l’argent, ce qui commence plutôt mal. Mais sur votre barque vous emmenant vers la gloire, vous voilà attaqué par un calamar géant et forcé de rejoindre à la nage Nexus, ville où se meurt Ataraxis. Et c’est parti pour une histoire bateau et particulièrement mal narrée, une de plus.

Des énigmes tentent de venir casser la monotonie, sans trop de succès

Après avoir évidemment choisi la classe de votre personnage entre Sauvage (gros machin tankeur et fort au corps à corps), Pistolero (fort pour le combat à distance), Alchitecte (synonyme de mage) et Rugisseur (un chevalier), ce Hack ‘n Slash très conventionnel vous emmènera donc accomplir des quêtes à la demande des villageois et de la famille royale afin de faire rétablir l’ordre dans les contrées autrefois protégées par le sage précité. A aucun moment on ne se sent réellement concerné par l’histoire ou les personnages. On en arrive même au chapitre final sans vraiment savoir à qui l’on parle ou qui a trahis qui, ce qui est quand même problématique pour un jeu qui se base beaucoup sur son histoire pour harponner le joueur à sa 3DS. Mais la faute en revient surtout à la nature incroyablement répétitive du jeu en lui-même. Sa structure est désespérante de classicisme. Il se divise ainsi en 5 chapitre qui représentent plus ou moins chacun une aire de jeu à explorer séparée en 3 ou 4 zones où vous devrez à chaque fois remplir un objectif précis : en règle générale sauver un tel ou en tuer un autre, ou parfois les deux à la fois. Rien de bien transcendant.

Click, click, click, click…

Le gros problème, c’est qu’on se rend vite compte que la structure ne vous invite pas à faire fonctionner votre curiosité. On le sait, le style du Hack ‘n Slash est, par nature, répétitif. « Click and Loot », mais mis à part cela, le grand défi pour tout développeur de ce genre sous-représenté sur portable est de parvenir à masquer cette nature répétitive de quelque manière que ce soit. Dans Heroes of Ruin, rien ne la masque. On se retrouve donc à arpenter des couloirs qui se ressemblent tous, tout en mettant une rouste à tout ce que l‘on rencontre d’hostile. Le jeu propose bien des attaques secondaires, et certaines capacités propre à chaque classe de héros afin de pimenter les combats, mais on se rend vite compte que l’attaque principale du héros est tout simplement la plus efficace, et qu’à aucun moment ou presque on n’a besoin d’avoir recours à ses capacités secondaires. On déambule donc sans réelle motivation en cherchant l’endroit où l’on est sensé se rendre. Parfois, des énigmes bien fastoches viennent casser la monotonie de la chose, mais celles-ci sont à la fois trop rares et trop faciles. La structure de tous les niveaux est donc la suivante : couloir, couloir, couloir, énigme, couloir, couloir, couloir, boss, fin du niveau et retour à Nexus. Pas de quoi casser trois pattes à un lapin.

Les environnements ne sont pas moches, ils manquent juste cruellement de personnalité

Le jeu essaie bien de mettre en avant son système de loot plutôt bien fichu et riche (on parle de 630’000 objets différents) en récompensant les joueurs les plus curieux et qui entreprennent le plus de quêtes secondaires ou de challenges journaliers téléchargeables en leur octroyant des items rares et plus puissants que ceux que l’on ramasse sur les cadavres des monstres de base. Mais pour motiver à entreprendre des quêtes secondaires, il faudrait que ces objets soient vraiment nécessaires dans le mode histoire. Or, le jeu est tellement facile que vous vous en sortirez sans problème en allant en ligne droite et en vous contentant du butin que vous ramasserez. Il est pratiquement impossible de mourir dans Heroes of Ruin une fois que l’on a compris la faille dans le gameplay. Partout sur votre parcours se trouvent des dizaines de potions vous redonnant de l’énergie. Et puisqu’il vous est possible d’en porter jusqu’à 20 à la fois et que leur utilisation est très facile d’accès, il vous suffit donc durant chaque combat de bien observer votre barre d’énergie et d’en utiliser une dès lors que vous êtes en danger. Et de toute façon, pour une d’utilisée, 2 de trouvées.

Sitôt joué, sitôt oublié

Difficile de comprendre ce que les développeurs ont eu derrière la tête en créeant un jeu manquant à ce point de challenge. S’ouvrir à un public plus élargi ? Certainement. Mais il faudrait qu’ils comprennent une bonne fois pour toute que l’utilisateur de brain training ou de Zumba Fitness ne va pas s’intéresser à du hack ‘n slash, cela ne sert donc à rien d’essayer de l’amadouer en lui disant que le jeu est si facile que même lui pourrait très bien y faire bonne figure. Il s’en fiche. Cela nous ramène à l’autre énorme erreur d’Heroes of Ruin. Alors qu’il mise sur sa rejouabilité, comme tout Hack ‘n Slash qui se respecte, afin de garantir au joueur une bonne durée de vie (le mode histoire se termine en 8-9 heures), il ne propose pas de niveaux de difficulté au choix. Une fois fini, il est donc impossible de le refaire en mode hard afin de mettre votre personnage et votre loot en valeur. Et ce n’est pas les challenges annexes proposés qui vont y changer quoi que ce soit. Alors qu’il aurait pu faire le pari de la difficulté inhumaine, un peu à la Demon’s Soul,  et donc par la même occasion se créer une niche de gamer assidus et passionnés,  il a choisi la facilité outrancière, ce qui s’avère être une erreur monumentale. Une fois terminé, on n’a simplement plus envie d’y revenir, et on ne voit simplement pas pourquoi on y reviendrait.

Le jeu en ligne est plutôt bien fichu, bien qu’émaillé de problèmes de lag

Pour sa défense, Heroes of Ruin ne fait pas tout faux. Visuellement, même s’il manque cruellement de personnalité et que les artworks distillés çà et là durant les cut-scenes sont à des années lumières de la réalité in game, le jeu est loin d’être moche. Techniquement, il reste assez solide avec un frame rate constant et peu, voir pas, de bugs en vue. La bande sonore, bien qu’anecdotique, n’est pas à proprement parler désagréable. Et son système de jeu en ligne vous permettant de créer ou de rejoindre une partie à n’importe quel moment fonctionne très bien, malgré quelques problèmes de lag, et prouve une nouvelle fois qu’il est possible de s’aventurer dans les allées tortueuses du jeu en ligne sur 3DS. Le jeu permet même le chat vocal avec les autres joueurs, ce qui est suffisamment rare sur une console Nintendo pour être signalé. Mais lorsqu’on y joue à 4, la difficulté du jeu passe de facile à ridiculement simple, étant donné que le nombre d’ennemis n’est pas adapté en conséquence. Heroes of Ruin n’est donc pas mauvais, il est juste terriblement moyen et vous l’oublierez aussitôt terminé. Et même s’il peut parfois s’avérer fun, il n’en reste pas moins qu’il sortira du slot cartouche de votre 3DS dès la minute où vous l’aurez terminé, alors qu’il souhaitait exactement l’inverse.

En résumé :

note-3-3dsIl est terriblement difficile de trouver des qualificatifs pour décrire Heroes of Ruin tant il n’inspire pas grand-chose, mais décevant et oubliable sont peut-être ceux qui s’y prêtent le mieux. Avec de grandes ambitions, mais visiblement trop peu de moyens pour les réaliser, le Hack ‘n Slash de Square Enix London aligne les erreurs impardonnables les unes après les autres, alors qu’il avait le potentiel pour se trouver une niche de gamers assidus qui lui aurait permis de tenir le coup sur la durée, ce qui était son objectif initial. Trop facile, trop court et trop conventionnel, Heroes of Ruin n’en est pas pour autant un mauvais jeu, loin de là. Mais c’est juste qu’il n’a pas les arguments pour convaincre ou pour bien figurer. Un jeu auquel on joue sans trop se forcer, mais qui rejoint l’interminable liste de ceux que l’on oublie instantanément après les avoir terminés, quand on ne les a pas abandonnés en cours de route…

Mathieu Lanz

+ Un gameplay pas trop mal, un système de loot très complet, du coop en ligne sur 3DS, les voix anglaises plutôt bonnes
Manque d’originalité, difficulté inexistante, rejouabilité ratée, pas de choix dans le mode de difficulté, réalisation insipide, du lag dans le jeu en ligne
[tab:Fiche]
Type: Hack ‘n Slash [xrrgroup][xrr rating=3.5/5 label= »Graphismes: »][xrr rating=3.5/5 label= »Bande Son: »][xrr rating=3/5 label= »gameplay: »][xrr rating=2.5/5 label= »scénario: »][xrr rating=3/5 label= »Durée de vie: »][/xrrgroup]
Editeur: Square Enix
Age/PEGI: 12+
Sortie: 15.06.2012
Multijoueurs: 4 joueurs
Plates-formes: 3DS
Testé sur: 3DS
[tab:Images] [nggallery id=308] [tab:Vidéo] [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=Y66No6NTqC0[/youtube] [tab:END]

A propos rivera

Rédacteur en chef et journaliste RP, ma passion pour les jeux vidéo et la technologie ne faiblit pas depuis mon adolescence, qui me semble pourtant bien lointaine. Un recul cependant intéressant, puisqu'il me permet de jauger les nouveautés avec un regard plein d'expérience, couplé à une envie d'écrire de tous les jours.

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